Le tragique a du bon


Pour commencer sa saison, le Théâtre de création envoie du lourd en mettant en avant Moebius, une jeune troupe montant, 2h30 durant, le mythe des Atrides. Regroupés autour de Thomas Bédécarrats (ancien du CNR de Grenoble, que l'on a notamment vu sur scène en 2007 dans Le Fredon de Pascal Mengelle), ces jeunes élèves sortis en juin dernier de l'Ecole de théâtre de Montpellier ont sélectionné des textes d'Eschyle, Euripide, Sénèque & compagnie pour retracer l'histoire de cette dynastie maudite (chose qu'aucune pièce seule ne fait). On prévient tout de suite ceux qui n'auraient pas suivi de cours de lettres classiques durant leur jeunesse : un petit topo sur qui est qui sera le bienvenu avant de venir, sous peine de se laisser rapidement déborder par les multiples ramifications de ces Feux de l'amour (et de la haine) antiques. Une fois ces précautions prises, fort est de constater que la sauce prend tout de suite malgré les réticences intrinsèques qu'inspirent ce genre de projet mastoc. Placés dès le début dans une dynamique de groupe, les comédiens incarnent le mythe, le portent à bout de bras, avec énergie et générosité. Dans la salle noire du théâtre où la scène se retrouve au centre des gradins tel un ring de boxe, le public est forcé d'être captivé par ce théâtre antique modernisé à foison (de la musique contempo, des décors de bric et de broc, et même Maïté en voix off !). Une excellente appropriation de l'histoire mythologique que nous offre là Moebius, la même semaine où Mouawad nous en sert lui aussi une couche. Après ces deux spectacles, on pourra presque se lancer dans une thèse sur le sujet…
AM

Les Atrides
du 14 au 18 octobre
à la Salle noire du Théâtre de Création


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Coluche