Révolutions d'octobre

Pour la troisième édition de leur festival Cinéphilies, le crew estudiantin des Cinéphiles Anonymes nous propose d'ausculter une nouvelle fois un aspect peu connu du septième art : le cinéma soviétique des années 50 à 80. FC


Le seul problème avec les Cinéphiles Anonymes, c'est qu'à force de chanter leurs louanges (ambiance “petits anges tout nus qui jouent de la harpe“), ils risquent de se reposer sur leurs lauriers. En même temps, on se dit ça depuis trois ans, et chaque édition du festival Cinéphilies vient nous prouver le contraire. Temps fort annuel du ciné-club, sa programmation ausculte systématiquement une cinématographie reconnue mais peu diffusée. Après le travail accompli – parfois dans des conditions carrément précaires - sur l'expressionnisme allemand en 2006, et l'incroyable sélection fournie l'an dernier sur le cinéma du réel des années 50 et 60, les sbires s'attaquent donc cette année au cinéma soviétique. Avec toujours plus de rencontres de qualité, de films, de soirées thématiques (dont une consacrée au cinéma d'animation, recelant des raretés contestataires ou propagandistes), ainsi qu'une exposition d'affiches, photos et articles d'époque à la Bibliothèque Droit-Lettres du campus.Franches camaraderies
La programmation honore sa thématique en proposant une multitude d'angles pertinents : outre des œuvres réalisées sous contrainte de la censure du régime, on pourra également profiter de films mis en scène par des francs-tireurs envers et contre tout – notamment les deux cinéastes auxquels le festival rend hommage, le gigantesque Andreï Tarkovski (avec les projections de L'enfance d'Ivan, Solaris et Le Miroir) et le virulent anti-belliciste Grigori Tchoukraï (avec La ballade du soldat, Le quarante et unième et Ciel pur). On passera sur le détail exhaustif des films pour vous inciter violemment à aller voir le terrassant Va et regarde (rebaptisé Requiem pour un massacre lors de sa récente ressortie en DVD) d'Elem Klimov, récit traumatisant (attention aux âmes sensibles…) d'un adolescent découvrant l'horreur putride de la Seconde Guerre Mondiale en Biélorussie. Enfin, en légère marge de la programmation, Cinéphilies propose en sus (le 23 octobre à la salle du Laussy) Docteur Folamour, l'hilarant regard de Stanley Kubrick sur l'hystérie paranoïaque de la Guerre Froide. Voilà. Une fois de plus, on est dithyrambique, on a la curiosité qui titille méchamment, on est reconnaissant de cet événement certes pointu, mais réalisé avec une passion jamais démentie pour les terra incognita. On attend déjà la prochaine édition avec impatience…Cinéphilies 2008
Du 21 au 30 octobre, lieux divers


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La pop venue du froid