In italiano veritas

Outre leur dantesque ciné-concert d'ouverture, les Rencontres du Cinéma Italien proposent cette année une programmation encore plus riche, panorama percutant d'une cinématographie en pleine révolution. Entretien avec Brice Di Gennaro, coordinateur général de la manifestation. Propos recueillis par FC


Petit Bulletin : Quels changements peut-on relever par rapport aux précédentes éditions ?
Brice Di Gennaro : Le festival a pris de l'ampleur, avec encore plus de films ; on en a sélectionné une trentaine sur les cent vus. On a fait le pari cette année de créer une section compétition, avec six longs-métrages documentaires ou de fiction – peu importe, parce qu'en Italie les frontières entre les deux s'effacent peu à peu. Le jury va départager et l'asso s'engage à ce que le film primé ait une aide à la distribution en France. Au-delà des douze jours du festival, c'est le premier enjeu : aider le cinéma italien.On sent dans les réalisateurs italiens un virage vers le cinéma-vérité, mais débarassé e la tutelle du néoréalisme…
On commence à sortir en effet du film social, du cinéma engagé didactique à la Ken Loach où le message prime, quitte à prendre le spectateur en otage pour lui faire du martèlement intellectuel. La grande différence, c'est la prédominance des scénaristes, ou le mélange des acteurs professionnels et non professionnels. Les histoires sont très précises, très minutées, via un gros travail de reconstitution dans la scénographie, les décors, les costumes. C'est un cinéma-vérité qui reconstruit la réalité, au point que quand on est devant l'écran, on a l'impression qu'il n'y a plus de média.En dehors de cet aspect, quelles évolutions avez-vous relevé dans la production italienne récente ?
Aujourd'hui, une nouvelle génération de cinéastes est en train de prendre le dessus. Des jeunes réalisateurs qui ont chacun leur identité, qui sont en train de trouver leur place en Italie, mais aussi en Europe et à l'international. Il y a également un renouveau accru de la production documentaire, avec là encore la création d'un nouveau langage.Va-t-on assister à une digestion du passif historique du cinéma italien, à une immixtion encore plus affirmée du cinéma d'auteur et du cinéma d'exploitation ?
Bon, il ne faut pas oublier que les films italiens les plus vus au niveau national restent les comédies. Mais pour ce qui est du cinéma d'auteur, il y a un héritage fort dont la nouvelle génération veut s'émanciper – il y a une différence notable entre leurs intentions de départ et la réception de leurs films, qui s'accroche à ces références. Avec le festival, on a la volonté de donner aux spectateurs l'occasion de se faire leur propre idée.Rencontres du Cinéma Italien
Du 14 au 25 novembre, lieux divers
Détails de la programmation en pages agenda


<< article précédent
Explosion pop