Lamu, beautiful dreamer

Dans le cadre de leur prolifique programmation consacrée au manga, les bibliothèques municipales de Grenoble proposent entre autres joyaux cachés, de redécouvrir Lamu, beautiful dreamer, œuvre de jeunesse déjà passionnante de Mamoru Oshii, futur réalisateur de Ghost in the Shell. DG


L'histoire de Lamu (ou Lum), jeune extra-terrestre espiègle, sexy, et attentionnée, capable de voler dans les airs en faisant des petits bruits "kawaï", ne commence pas avec ce long-métrage d'Oshii, loin s'en faut. Elle provient à l'origine d'un manga de Rumiko Takahashi créé en 1978, dont la popularité a engendré une série télévisée au long cours (diffusée en France en 1988), ainsi que six long-métrages dont Beautiful Dreamer est le 2e volet. Tout un contexte qu'il n'est cependant pas (du tout) nécessaire de maîtriser pour apprécier ce film OVNI, dont le principal intérêt est à chercher ailleurs. Déjà familier de l'univers de Lamu par son travail sur la série et le premier long-métrage, Oshii va en effet avec Beautiful Dreamer changer radicalement d'orientation, et explorer pour la première fois les questionnements métaphysiques qui feront tout le sel de ses œuvres suivantes. Et les confronter, non sans violence, à la galerie de personnages loufoques déjà bien barrés qui peuplent la série…Le choc des titans
Soit donc Lum, Mendo, Ataru, et leurs nombreux amis (il y a même un petit cochon qui vole avec ses oreilles, c'est pour dire…) occupés à préparer, dans le stress le plus total, la fête de l'école programmée pour le lendemain. Jusque-là, tout va bien, on baigne dans les grimaces outrancières et les gags "hénaurmes" avec une bonne humeur communicative. Seulement voilà, la journée d'aujourd'hui ressemble énormément à celle d'hier, dont les vagues souvenirs se mélangent eux-mêmes à ceux du jour précédent. Et si la notion de temps était relative, uniquement liée à sa perception ? Et si demain n'existait pas ? Et si cette journée sans fin n'était qu'une partie d'un rêve, qui deviendrait au fur et à mesure plus crédible que la réalité elle-même ? Autant d'interrogations "à la Philip K. Dick" dans lesquelles Oshii va progressivement embarquer ses personnages, sans pour autant que cet aspect du récit ne vienne cannibaliser la dimension plus légère présente au début. Film atypique, étrange, parfois confus, souvent drôle, toujours passionnant, et porté par une esthétique onirique qui a plutôt bien survécu au poids des années, Lamu Beautiful dreamer fait preuve d'une ambition et d'une audace qui font mouche, et qu'on serait bien en mal de retrouver dans le premier animé venu.Lamu, Beautiful DreamerSamedi 13 décembre à 15h
à la Bibliothèque Kateb Yacine


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Affirmatif