Fantaisie et chaos

Après une longue attente, Burn Paris Burn, le nouveau film de la Youth Industry, collectif grenoblois déjà à l'origine des 6 Dreads de l'Enfer, est enfin disponible. Pour en savoir plus sur la « success-story psychédélique » de Romarik de Malkhange, on a rencontré Laurent Sebelin, coréalisateur du film avec Pierre Massine. Damien Grimbert


2004 : Création de la Youth Industry.
«On a tourné Les 6 Dreads de l'Enfer sur Grenoble, en 6 mois, montage compris, avec aucun budget, juste des bouts de ficelle et un peu de système D. On y a été avec la bite et le couteau, en utilisant les vieilles techniques apprises dans les squats, et en faisant appel à tous nos potes musiciens, tous styles confondus, électro, rock, métal, breakcore… Les acteurs jouaient quasiment leur propre rôle, c'était vraiment “from the underground to the underground“. Le film était conçu comme un long clip basé sur les univers musicaux underground et leurs différences. Le tournage a commencé en février 2004 et s'est terminé en septembre. Début 2005, le film a été projeté au Club dans le cadre du festival Subzéro, puis à la BOUM au printemps, un week-end entier en boucle, dans un jardin transformé en cinéma. L'Ultime Projection. Ça s'est terminé avec 300 personnes en train de hurler autour de filles qui s'affrontaient au bras de fer devant l'écran. Le film a eu pas mal de fans, il a fait son petit bout de chemin : il est passé à Osaka, au Japon dans des clubs, dans des galeries d'art à Lyon, au Riddim Collision de Jarring Effects, dans des festivals de films… Devant le succès, on a décidé de tourner un autre film avec un projet plus ambitieux : tout donner, et raser la Capitale…».Making off
«On a commencé à écrire le scénario en janvier 2005. On s'est posé en Espagne pour travailler sur la pré-production, et on est rentré dans le concret en mai 2005. On a tourné dans un village troglodyte à côté de Bollène, et reconstitué plusieurs décors dont un cimetière. Une semaine de tournage en extérieur, de nuit, en travaillant 14h par jour. Bref, des conditions très lourdes, qui nous ont amenés à opter pour de l'intégration sur fond bleu, pour que ça soit plus simple et plus efficace par rapport aux moyens disponibles. Après ça, on est monté à Paris prendre des photos de la ville pour pouvoir la recréer, et on a fait un casting sur Lyon et Grenoble pour trouver une actrice. Sur Myspace, on a trouvé Venus Flytrap, une tatoueuse/rockeuse, membre de plusieurs groupes, mais pas comédienne. On a réécrit le scénario pour qu'elle y ait sa place, en se servant de son personnage dans la réalité pour l'intégrer dans le scénario. Pascal Mengelle s'est aussi joint à l'équipe… Globalement, on a fait plein de rencontres fabuleuses, toujours au bon moment, qui ont permis au projet d'avancer en continu : on est parti sur des idées, mais le film s'est vraiment créé au fur et à mesure des rencontres. On savait juste qu'on voulait détruire Paris ! En résumé, on est parti de rien, on a tourné un film au caméscope, et on s'est retrouvé dans une méga production indépendante, une véritable industrie avec 60 personnes qui travaillaient sur le film et la musique».Le monstre est vivant
S'en suit une (très) longue période de post-production, avant la sortie finale en DVD, un aboutissement que Laurent décrit avec emphase. «Sur le tournage, c'était passion, émotion, conflit, vision, aventure…. Le but étant de créer l'œuvre finale. Au final, c'est un gigantesque clip qui te fait voyager dans plein d'univers graphiques et musicaux différents dans lequel tu peux t'immerger, avec une BO soutenue hallucinée, qui réunit plus de 18 morceaux. Il y a un jeu étrange entre la réalité et le monde des rêves. On ne sait jamais trop si c'est des vrais acteurs ou des personnes réelles qui sont filmés… Il n'y a aucun réel propos à part la destruction de Paris, mais on peut vraiment rentrer à l'intérieur et devenir complètement fan». Le mot de la fin ? «Paris n'avait jamais été détruite, et symboliquement, on peut dire que c'est fait. Tous les espoirs de la Youth Industry sont maintenant qu'un nouveau phénix puisse renaître de ses cendres. Burn Paris Burn !!!».Burn Paris Burn
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