Blanche-Neige fait sa belle


Chaud devant ! Angelin Preljocaj débarque cette semaine à Grenoble pour nous présenter sa Blanche-Neige, l'un des évènements danse de la saison dont on attendait beaucoup (trop peut-être). Le chorégraphe bankable, directeur du Centre chorégraphique national d'Aix-en-Provence, s'est attaqué au conte des frères Grimm dans une version dansée extrêmement imagée, créée en septembre dernier à la Biennale de Lyon. Sur scène, tout est donc figuratif : les décors mastodontes de Thierry Leproust, les costumes très frou-frou de Jean-Paul Gaultier (sympa le prince queer !), la musique imposante de Gustav Mahler. Preljocaj envoie du clinquant, et livre quelques beaux tableaux (l'arrivée des moines-nains façon Yamakasi fonctionne à merveille, tout comme les sublimes scènes du miroir). Mais ce qui pourrait être une force devient rapidement une faiblesse : Preljocaj l'artificier, avec ses gros sabots, enfile les perles et nous impose son imagerie comme dans un mauvais Disney, en enlevant toute possibilité de faire travailler notre imaginaire. Tout est alors trop beau, trop lisse, presque ennuyeux, dans cette prise d'otage chorégraphique sans risque réel. A deux trois moments près : ceux où l'enjeu dramatique se tend, où une once d'émotion apparaît. Là, les danseurs de Preljocaj investissent littéralement la scène, avec conviction et sans artifice. On pense notamment à la danseuse qui campe une méchante reine façon SM, tour à tour glaçante sans la scène de la pomme, tragique dans sa danse finale mortelle.

BLANCHE-NEIGE, du mercredi 7 au vendredi 9 janvier, à la MC2


<< article précédent
L’œil du mal