Vertiges flamencos


DANSE / Prendre une danse classique, bien installée dans l'imaginaire collectif, afin de la titiller, de la bousculer : voilà ce que fait l'Espagnol Israel Galvan avec le flamenco. Celui que l'on surnomme le Nijinski du flamenco remplit les salles depuis maintenant une dizaine d'années, toujours avec succès. Présenté cette semaine à Grenoble, son spectacle Arena, très baroque, reconstruit un flamenco moderne en partant des bases de cet art populaire, avec en premier lieu sa gestuelle et sa musique. La première d'abord, impeccable. Le danseur connaît les codes du flamenco sur le bout des doigts, et le vit de tout son corps, avec une maîtrise rigoureuse et une liberté totale. La musique ensuite, saisissante. Très loin des clichés d'une certaine Espagne, les musiciens présents sur scène portent l'art de Galvan, lui donnent une force supplémentaire. Galvan rend ainsi un hommage appuyé au monde expressif de la tauromachie, et notamment à Juan Belmonte, l'un des matadors les plus populaires du début du XXe siècle. Car le danseur a construit sa pièce comme une succession de chorégraphies pour « le monde du taureau ». Six moments différents les uns des autres, intenses, riches, ou Galvan lutte, esquive, embrasse… Il évoque le danger, la peur, la mort, mais aussi l'adrénaline, l'excitation, le courage… Six moments qui forment un tout unique. Arena donne alors à voir un flamenco généreux, débarrassé de ces apparats folkloriques et de la muséification à laquelle certains le résumaient ; et c'est tout simplement magnifique. AM

Arena, jusqu'au jeudi 29 janvier, à la MC2


<< article précédent
Génie divin