Epître à la vieille actrice


Le roulement de tambour est un dramaticule d'Olivier Py rajouté par l'auteur lui-même à La Servante, sa pièce monstre de 24 heures créée en 1995 à Avignon. De nombreux personnages se croisent dans cette « histoire sans fin », dont celui de la clownesse Oh Là Là. Olivier Py décide ainsi d'offrir un solo à cette fantaisiste « toujours faite pour les seconds rôles », présentée cette fois-ci dans l'intimité de sa loge. Comme une artiste en fin de carrière, elle entend en elle le roulement de tambour et se livre à une introspection. Marlène Gagnol, issue du Conservatoire de Grenoble, s'est emparée de ce monologue métaphorique pour le retranscrire sur scène, avec conviction. Sans trahir le propos initial de Py, la jeune comédienne choisit d'interpréter de façon personnelle cette ode à la vie puissante qui évoque aussi la mort, celle de l'artiste et plus largement celle de l'être humain. Nous avons assisté à une répétition de ce solo dans la salle nue d'une MJC, sur une chaise en plastique grinçante, sans les lumières de la scène (il y aura tout un jeu de reflets avec un miroir nous dit-on). Des conditions à la roots pour un rendu tout de même saisissant, la comédienne offrant ce texte au public avec force. Là, devant nous, dans le décor intimiste d'une loge, elle refait le rituel du saltimbanque (le maquillage blanc, le faux crâne, le costume…), puisque la clownesse ne croit que « nulle vérité ne saurait se dire sans le masque ». On est captivé ; et tout ceci préfigure du bon pour les représentations prévues, cette fois-ci, dans un vrai théâtre.
AMLE ROULEMENT DE TAMBOUR
Du jeudi 5 au samedi 7 février à 20h30, au théâtre Prémol


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Combo fatal