Films en résistance

Pour sa 8e édition, le Festival Isérois du Film sur la Résistance propose une programmation forte et proche de l'irréprochable, partagée à part (quasi) égale entre documentaires et œuvres de fiction. Damien Grimbert


Commençons par rappeler quelques basiques : Organisé par les Amis de la Résistance de l'Isère (ANACR), le festival propose de découvrir 14 jours durant une sélection d'une douzaine de films projetés dans différents lieux de Grenoble et du département. Chaque séance est suivie d'un débat avec des témoins, protagonistes, réalisateurs ou historiens. Initialement centrée sur la Résistance Française, la programmation s'ouvre largement à d'autres combats, pays, et périodes historiques. En termes de documentaire, difficile de faire l'impasse sur les deux films de Rithy Panh sélectionnés. Maintes fois primé, S21, la machine de mort khmer rouge confronte avec une sobriété glaçante deux survivants du centre d'extermination S21 à leurs anciens bourreaux, tandis que Bophana, une tragédie cambodgienne, fait revivre un couple d'amants assassinés par les Khmers Rouges à travers les témoignages de leurs proches. Également au programme, Joseph Epstein, bon pour la légende, qui interroge les raisons de l'oubli d'un Résistant juif communiste polonais, deux documentaires consacrés à des personnalités hors-normes (L'abbé Glasberg et le général de Bollardière), et enfin Walter, retour en résistance, portrait d'un Résistant défendant toujours les valeurs de la Résistance au quotidien.Survivances
Parmi les cinq fictions proposées, si l'on ne négligera pas pour autant Le vieil homme et l'enfant, de Claude Berri, et Nulle part, terre promise, d'Emmanuel Finkiel, projeté en avant-première, trois films se taillent néanmoins la part du lion. L'œuf du serpent, film de Bergman relativement méconnu, se focalise sur le trop rarement évoqué Berlin des années 20 sous la République de Weimar, en proie à une inflation galopante et à un désespoir sans précédent. Hunger, premier film électrochoc du plasticien Steve McQueen, sorti en salles il y a quelques mois, évoque la lutte de militants de l'IRA en prison pour obtenir le statut de détenus politiques. Film viscéral, et dénué de la moindre concession, Hunger se focalise essentiellement sur les corps et les sensations, résumant les enjeux politiques du film en l'espace d'une longue mais néanmoins fulgurante discussion centrale. Enfin, L'Armée des ombres, chef d'œuvre noir de Jean-Pierre Melville, reconstitue avec brio le combat sans gloire d'une poignée de Résistants amenés par la nécessité aux choix les plus douloureux. Sec, dépouillé, et dénué d'espoir, L'Armée des ombres, porté par l'interprétation sans faille de ses comédiens, reste, près de 40 ans après sa sortie, l'un des films les plus puissants consacrés au sujet.8e Festival Isérois du Film sur la Résistance
jusqu'au mardi 24 mars, lieux divers


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«Montrer une réalité»