Fantômes dans la machine

Les Abattoirs de Bourgoin-Jallieu organisent cette année la 4e édition du festival Electrochoc. Choc entre l’homme et la machine, choc entre l’artiste et son public, l’idée réside dans la redéfinition de nos rapports aux nouvelles formes de musiques actuelles. PC


Anticonformiste, en marge des courants et des créations sensorielles usuelles. Voilà la ligne directrice (s’il faut en trouver une) du festival Electrochoc, organisé depuis 4 ans maintenant dans divers lieux du Nord Isère. Un festival proche des musiques nouvelles où les arts numériques (ensemble varié de catégories de création utilisant les spécificités du langage numérique) ont la part belle. Un festival où des pontes internationaux de styles encore méconnus partagent la scène (et la salle) avec de véritables chercheurs mélomanes prônant des approches d’un nouveau genre, qui permettent au spectateur d’utiliser tous ses sens pour mieux sentir, mieux vivre la musique. La programmation de cette année se veut pointue, de qualité, et ce dans chaque domaine. Les artistes à croiser sont nombreux et d’univers variés, de la trance au hip hop, de l’electro rock à la performance pure et dure : l’Armée des Ombres, Assassin, Generale Hydrophonick, Les Mécaniques poétiques d’Ez3kiel, Vynil Box, Dälek, Juno Reactor, Rinocérose ou encore les français de 10konekt.Redéfinir l’interaction
Le festival Electrochoc renforce cette année encore son intérêt marqué pour les nouvelles formes de rapport entre l’homme et la machine, entre l’artiste et son public. Dans cette démarche, l’electro-choqueur Le Matrice a créé la “chaise d’exécution sonore”, qui permet de lier l’acoustique au physique et au visuel. Le spectateur se retrouve installé dans un fauteuil pour un trip solitaire de quelques minutes... Les bricoleurs de 10konekt ont pour leur part composé un montage bending vidéo et sonore. Le bending consiste à court-circuiter volontairement des instruments électroniques fonctionnant sur piles (jouets pour enfants, effets pour guitare) de façon à générer de nouveaux sons, à réaliser ses propres synthétiseurs. Ce montage est mis à disposition du public, qui troque alors son rôle de spectateur pour celui d’acteur. À noter également la présence tout au long du festival de dispositifs variés comme l’Akousmaflore, jardin interactif composé de plantes musicales réactives à nos gestes (que l’on avait déjà croisé dans le cadre des 38e Rugissants), ou encore Les balles perdues, installation du groupe Ez3kiel où le spectateur, un étrange baromètre à la main, contrôle les mouvements d’un plateau virtuel vêtu de balles et de “barrages” sonores. Chaque choc provoquant une mélodie. Festival Electrochoc
Jusqu’au 10 avril, aux Abattoirs (Bourgoin-Jallieu)


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