Plongée dans un autre cinéma

Huitième édition pour Vues d'en face, le festival international du film gay et lesbien de Grenoble qui se charge d'ouvrir nos chakras cinématographiques avec une programmation bigarrée et détonante. Aurélien Martinez


Une question faussement provocatrice pour commencer, mais posée sciemment : en 2009, à quoi peut bien encore servir un festival du film gay et lesbien ? «Mais à plein de choses !» nous explique Marielle Spiteri, présidente de Vues d'en face. «Il y a toujours des progrès à faire sur la visibilité et les revendications quant au droit des homos. Par l'intermédiaire des films – et de la culture en générale –, on peut ainsi aborder des sujets d'actualité comme l'homoparentalité ou les droits des beaux-parents…». Créer le débat, questionner le spectateur, l'amener à réfléchir sur des sujets de sociétés : des missions que les rares succès du cinéma traditionnel traitant de l'homosexualité ne rempliraient pas ? «C'est bien qu'il y ait une visibilité sur certains types d'œuvres comme les blockbusters, qui touchent tous les publics, mais ce n'est évidement pas assez. Quand on compte chaque année dans la distribution générale le nombre de films qui ont un lien plus ou moins proche à l'homosexualité, c'est vraiment minime. Le festival existe ainsi pour montrer des œuvres qui ne rentrent pas dans les circuits classiques.» Il s'agit donc pour l'équipe du festival de balayer large, tant au niveau des thèmes abordés, des formes (fictions, documentaires, courts-métrages…) que de l'origine géographique des œuvres. «On va les chercher un peu partout parce qu'il y a plein de films qui n'arrivent pas jusqu'en France, et c'est bien dommage.» Ainsi, cette année, on compte quatre longs-métrages jamais vus sur les écrans français, et une dizaine inédits à Grenoble. Une recherche salutaire de la perle rare, qui nous permet de découvrir d'autres façons de faire du cinéma, d'autres moyens de raconter des histoires, de véhiculer des images… Car avant d'être le festival international du film gay et lesbien de Grenoble, Vues d'en face est avant tout un festival de cinéma exigeant et pertinent.

Salade composée

Depuis huit ans, une semaine durant au début du printemps, Grenoble est donc placée sous le signe du cinéma arc-en-ciel. Une vingtaine de films estampillés gay et lesbien sont sélectionnés (sur plus d'une centaine visionnés par l'équipe organisatrice) avec, on l'aura compris, l'envie de montrer un cinéma différent. Et ça marche : chaque année, le public afflue encore plus nombreux (le festival a dénombré quelque 2400 spectateurs pour l'édition précédente), venu pour découvrir des ovnis cinématographiques, des perles rares et quelquefois, il faut bien le dire, des œuvres plus discutables. Dans ce flot continu d'images (jusqu'à cinq séances par jour le week-end, de 14h à 22h), le spectateur peut donner son opinion grâce au prix du public, proclamé lors de la soirée de clôture. Soirée de clôture qui a lieu, comme l'ensemble du festival, au cinéma Le Club, partenaire historique de la manifestation créée en 2001. A l'époque, Vues d'en face a tout de suite su prendre ses marques dans le paysage local, devenant rapidement une référence. «La première année, j'étais là en tant que simple spectatrice, mais je me souviens qu'il y avait déjà énormément de monde», se rappelle Marielle. Depuis le temps, le festival a toujours le souci d'être aussi bien engagé et léger, alternant films divertissants et d'autres plus militants. Nouveauté pour cette édition : des courts-métrages d'élèves d'écoles d'art seront présentés ; ces élèves, nous dit-on, prenant de plus en plus l'homosexualité comme sujet dans leurs films de fin d'année. Rendez-vous donc samedi à 16 heures pour découvrir la sélection, avant de tous aller boumer à la MC2 pour la traditionnelle soirée officielle du festival, avec DJ Wet et Rescue. Tout un programme.

VUES D'EN FACE
Du mardi 14 au mardi 21 avril, au cinéma Le Club
Retrouvez la programmation en pages cinéma ou sur www.vuesdenface.com


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