L’éloge de la folie


Théâtre / Les portes claquent comme dans un vaudeville, mais le verbe est plus acide encore que celui de Feydeau et consorts. Le Grenoblois François Jaulin, pour son premier travail de mise en scène, s’attaque à deux textes de l’insaisissable Copi : Le Frigo et Loretta Strong. Deux univers différents (une pièce à multiples personnages tous interprétés par le même acteur dans un premier temps, puis un long monologue délirant par la suite) ne faisant plus qu’un sur scène. L., personnage central du Frigo se voyant offrir le fameux appareil électroménager par sa mère pour ses cinquante ans, finira assassiné par sa majordome Goliatha et se réveillera en Loretta Strong, cosmonaute délirante paumée en plein milieu de l’espace. Ce diptyque Copi est une véritable machine à jouer pour les deux comédiens se succédant sur scène : ils habitent littéralement le plateau et portent les mots de Copi sans les déformer (l’écriture du dramaturge argentin évoquant le sexe, la mort et la folie n’est pourtant pas des plus faciles à se mettre en bouche). François Jaulin a créé un univers scénique rocambolesque, choisissant d’illustrer au mieux les délires de Copi plutôt que de jouer sur le contre-emploi. Un choix savoureux, qui cependant manquait de rythme le jour où l’on a découvert la proposition (il faut tenir les 1h45 sans fausses notes!). Mais c’était quatre jours avant la première, et le metteur en scène nous assurait que tout serait résolu à temps. On lui fait entièrement confiance !
Aurélien MartinezLE FRIGO / LORETTA STRONG
Jusqu’au vendredi 10 avril, au Théâtre de Création


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