Il était une fois la révolution

Un retour sur l'histoire pour éclairer notre présent. Guillaume Paul du Vox International Théâtre présente U-topie, un spectacle musical basé sur la Commune de Paris. Curieux que nous sommes, on l'a rencontré pour en savoir un peu plus… Propos recueillis par Aurélien Martinez


Petit Bulletin : Avec U-topie, vous vous intéressez à la grande histoire par le biais de la petite ?
Guillaume Paul : Avec ce spectacle, je souhaite parler de la Commune de Paris, parce qu'aujourd'hui cette partie de l'histoire m'interpelle. Pour être simple, ça ne nous ferait pas de mal aujourd'hui de nous plonger dans cette période ! Les Parisiens de cette époque se demandaient comment mettre en place un monde juste, comment le gouverner… Comparativement, aujourd'hui, j'entends beaucoup dire que le monde est tel qu'il est, que ça ne sert à rien d'être utopiste… C'est une vision très triste de notre époque. Je me demande si on en a fini avec l'utopie au nom de l'idéologie ?Comment ce questionnement se matérialisera-t-il sur scène ?
J'avais très peur de l'écueil du spectacle militant ou historique. Je ne suis pas historien, j'ai monté cette pièce pour pouvoir étudier la Commune de Paris par le biais du théâtre populaire, musical et festif. J'ai donc souhaité ne pas poser les questions de façon trop rhétorique, mais plutôt naïvement, de produire un personnage un peu décalé de la réalité : une jeune fille d'origine bourgeoise qui a perdu la tête, qui partage sa vie avec des êtres fantastiques sortant de son imaginaire. Recueillie par des gens de la Commune, elle va être amenée à se questionner sur la justice, l'égalité… Toute la pièce est à cheval sur ces deux niveaux : la grande histoire de la Commune avec des personnages anonymes et des grandes figures, et en parallèle la progression de cette jeune fille qui doit choisir entre un réel injuste et son imaginaire.Vous évoquiez le théâtre musical…
Oui, car qui dit révolution dit chansons ! La Commune de Paris est pleine de chansons que l'on connaît (Le Temps des cerises, Le Chant des ouvriers…). On a pioché parmi ces airs historiques, qu'on a réarrangés à notre sauce sans aucun complexe. Et on en a aussi composé d'autres originaux. Ça se passera donc à la manière d'une comédie musicale, avec des dialogues chantés, et en même temps à la façon brechtienne, avec des chansons adressées au public à l'intérieur du spectacle.Niveau scénographie, vous faites un parallèle entre le tréteau de théâtre et les barricades…
J'avais envie d'aller vers le théâtre à l'ancienne, car je suis vraiment intéressé par montrer que l'on fait du théâtre : les quatre personnages principaux interprètent eux-mêmes avec des masques d'autres personnages. Ça va très bien avec l'idée d'un tréteau simple. Pour rejoindre l'idée de barricades et l'esprit architectural de Paris, c'est un tréteau à deux niveaux reliés par deux grands escaliers, qui matérialise aussi comme dirait l'autre la France d'en bas et la France d'en haut.


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