Les seigneurs de la route

Pour le plus grand plaisir des fans d'ambiances post-apocalyptiques, les sbires d'Art Kor D Nations célèbrent depuis maintenant quatre ans les joies de la tôle froissée, des joutes de punks hargneux et de la pyrotechnie sauvage. Décryptage. François Cau


N'importe quel psy du dimanche parlerait de catharsis. Jugez plutôt : une bande de potes, issus du milieu des free parties, décide un beau jour de s'adonner au plaisir hautement défoulant du stock car. Ils fabriquent leurs premiers engins de bric et de broc, se rentrent dedans pour le fun, extériorisent de leur propre aveu une violence qu'ils n'expriment plus dans la rue. Un autre beau jour, les camarades, de passage à Grenoble, repèrent une annonce dans votre hebdo culturel local sûrement favori, vantant les mérites d'une future soirée Mad Maxx organisée par l'association Tout en Vrac. En bons fans de l'esthétique post-apocalyptique du chef-d'œuvre de George Miller, les membres d'Art Kor D Nations sautent sur l'occasion et proposent leurs services. Et la légende de se mettre en route : un public halluciné découvre un spectacle résolument inédit, où d'improbables véhicules recomposés s'entrechoquent, se consument dans les flammes, le tout ourdi par des cascadeurs encore novices mais n'ayant visiblement pas froid aux yeux. Une seconde soirée est mise en branle à St-Egrève, avec encore plus de succès : le bouche-à-oreille a fait son office, et la mixité du public, qui voit se côtoyer des «punks de deux mètres de haut» et des grands-mères baladant leurs petits enfants, est un exemple parlant de la réussite comme du caractère favorablement évocateur d'un tel show.Fastes et furieuxIl faut dire que, passées les effluves d'essence tenaces («Oui, on pollue un peu, mais à côté des aberrations industrielles, on reste tout de même bien gentils») et le choc puissant de certains impacts (que les nerveux évitent d'avoir des verres trop remplis s'ils ne veulent pas les vider sur leurs plus proches voisins, je sais de quoi je parle…), le show est tout bonnement renversant, en particulier quand il est accompagné de l'illustration sonore idoine – assurée depuis quelques temps par les énervés du groupe Black Lodge. Leur dernière représentation, lors des 5 ans de EVE, avait cependant quelque peu déçu un public désormais à l'affût de leurs joutes rétro-futuristes ; la faute à la fatigue, au manque de temps, de moyens, de personnes. Mais Art Kor D Nations a entendu les critiques, et compte bien les transcender pour un projet conséquent, un grand spectacle prévu à l'Anneau de Vitesse l'année prochaine. En attendant, les sbires mitonnent des représentations de soutien à l'ADAEP pour financer cette initiative promise dantesque – la première a lieu ce samedi, avec du son venu tout droit de leurs années free. Soit de la hardtek et du hardcore illustrant du froissement de tôles. Que demander de mieux ? Mad MaxxVendredi 23 mai dès 23h, à l'ADAEP


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L’Avocat de la terreur