Le noir est couleur

Entretien avec Djazia Satour, autour de son virage artistique et de la construction de son nouveau répertoire. Propos recueillis par François Cau


Petit Bulletin : Tes nouvelles compositions ont l'air de rebondir sur le dernier album de MIG, qui partait un peu plus dans tous les genres…
Djazia Satour :Oui, et j'essaie d'aller encore plus loin. MIG, quand on en parlait entre nous, on caricaturait en disant que c'était de la musique froide, mais là c'est l'inverse. Je voulais des couleurs plus chaudes, aller dans un style orienté très black music au sens large, avec un côté plus blues, plus groove, des touches de hip hop, une énergie rock qui peut surgir pour amener les morceaux… Sur scène, ça amène plus de vie, avec des solos marqués, des moments acoustiques, des interventions chantées des musiciens… C'est globalement plus franc, plus rentre-dedans. Tu te livrais beaucoup dans les compositions de MIG, qu'en est-il à présent ?
Je suis moins dans un esprit torturé, je l'ai peut-être assez exprimé, en tout cas pour l'instant – ça peut revenir, c'est cyclique. Mes besoins se sont plus attachés à la musique qu'à l'écriture des textes ; à ce niveau-là, j'évoque des choses plus légères, des clins d'œil, des sensations, des impressions, ce qui a pu me toucher ces deux dernières années. C'est en lien avec là où j'en suis dans mon parcours, l'envie de m'affirmer dans ce projet, de faire valoir ma parole. Même si tu laisses de côté l'aspect introspectif, tu écris toujours des morceaux qui te ressemblent…
Sans revendiquer quoi que ce soit, j'essaie de m'inscrire dans une identité dans un sens général, sans considération ethnique ou autres, de sortir des cases dans lesquelles on aurait voulu me mettre. Par exemple, je ne chante plus du tout en français, je m'en suis affranchi pour aller vers mes envies du moment, qui étaient de chanter en anglais et en arabe – et ce n'est pas dans un but identitaire, mais juste par besoin de me laisser aller musicalement vers ce qui me correspond le mieux. Ça ne m'empêche pas de faire des clins d'œil, des références à la mythologie arabe, en essayant de sortir des clichés habituels. Je voulais surtout garder le côté magique de l'écriture, ses possibilités d'évasion.


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Œuvres de chevet