Faim de partie


Théâtre / Aaaaah, les aléas de la critique… Le problème majeur qu'on a eu avec cet En attendant Godot (la nouvelle adaptation théâtrale de Samuel Beckett par le metteur en scène Bernard Lévy, après Fin de partie), c'est qu'on l'a vu le lendemain de la représentation électrochoc du sidérant Idiot ! de Vincent Macaigne. Donc forcément, se confronter, à la suite d'une telle claque, à une mise en scène d'une sobriété à tout crin, figuration de l'univers mental cahotant des personnages, le tout au service d'un classique des classiques théâtraux aux innombrables versions scéniques, cela implique un effort certain (oui, je sais, on a vraiment des métiers difficiles !). Mais qu'on se rassure : une fois digéré le fait qu'il n'y aura aucune effusion de sang, que le décor ne va pas s'effondrer et qu'il va falloir se passer d'une bande-son rock bruitiste, on se laisse très facilement happer par un spectacle d'une efficacité certaine. Le seul effet spécial ici réside dans une direction d'acteurs maîtrisée à la perfection : Gilles Arbona et Thierry Bosc, dans les deux rôles principaux, irradient la scène de leur évidente complémentarité, prennent un plaisir aussi jubilatoire que manifeste à camper leur rôle respectif, sans que cela ne nuise jamais à l'appréciation de l'œuvre. Mentionnons aussi, par souci de justice et d'équité, la performance tonitruante d'un Patrick Zimmermann en grande forme pour parachever le tout, et on obtient un En attendant Godot sans grande surprise, certes, mais tout de même bien jouissif.
FCEn attendant Godot
Du 9 au 13 juin, au Grand Théâtre de la MC2


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Departures