Soirées pléthoriques

Pas besoin d'aller au Pathé pour se sentir comme dans un multiplex. Nos amis du 102 conçoivent le leur ce week-end : sept salles, dix films, deux séances. Une autre façon de manger du pop-corn. Aurélien Martinez


Niché rue d'Alembert, le 102 essaie de montrer des films hors normes à qui veut bien se laisser trimballer dans de drôles d'univers. Vendredi et samedi, les programmateurs du lieux (tous bénévoles) organisent deux soirées «le plus grand multiplex, cinéma du réel et pop-corn». Dix films originaux, souvent de forme documentaire, seront projetés en même temps lors de deux séances exceptionnelles. Comprendre qu'il faudra faire des choix, tout voir étant matériellement impossible. Qu'importe, car le but n'est pas tant d'abreuver le spectateur d'images que de l'amener à réfléchir sur la façon de les regarder et leur contenu même. Dans cette programmation pléthorique que l'on s'est empressé de dévorer goulument, quelques films ont retenu notre attention. Tout d'abord en bon fan de David Bowie que nous sommes, la diffusion du show Ziggy Stardust du 3 juillet 1973 (concert où l'artiste mit fin à son double) a de quoi nous rendre tout chose. Plus "underground" encore, la thématique proposée dans une des salles autour des squats est efficacement illustrée par deux propositions cinématographiques pertinentes. La première, Job, se propose de guider le spectateur à l'intérieur d'un squat d'Amsterdam évacué en 1988, mais qu'un irréductible continua d'habiter par la suite. La seconde, Film inachevé sur le Brise Glace, s'intéresse à l'aventure de cet ancien squat grenoblois par le biais d'images brutes non montées, filmées en 1996. Un programme en pleine adéquation avec le lieu qu'est le 102.Un air de famille
Mais les deux films qui nous ont particulièrement touchés sont deux documentaires consacrés à des gens dits lambda. Avec Petite conversation familiale, la Belge Hélène Lapiower s'intéresse aux membres de sa famille juive, et pose ainsi la question de la transmission culturelle et religieuse. La réalisatrice confronte par exemple le discours de son oncle et de sa tante déçus par le choix de leurs enfants (certains d'entre eux ont changé de religion) aux réflexions de ces mêmes enfants, souvent sévères. «L'héritage juif de mes parents, c'est horrible» s'exclamera une jeune femme ; néanmoins sans réels ressentiments, car ce documentaire se veut plus comme un état des lieux introspectif qu'un véritable règlement de comptes familial. Autre film, autre ambiance, et véritablement notre coup de cœur: La Mère d'Antoine Cattin et Pierre Kostomarov. Les deux réalisateurs ont suivi une mère courage russe aux prises avec la dure réalité de sa vie (mari violent démissionnaire, enfants en prison...). Un film touchant, rempli d'humanisme et très loin d'un certain pathos.LE PLUS GRAND MULTIPLEX
Vendredi 12 et samedi 13 juin, à 19h30 et 22h30. Programme complet en pages agenda


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