Frictions et réalité


Pour sa dernière création de la saison, Jean-Claude Gallotta, aidé à la mise en scène par Marylin Alasset, s'attaque à la transposition scénique d'un roman, ou plutôt réfléchit sur les questions intrinsèques à cette transposition. Il a ainsi choisi de se pencher sur le texte Le Maître d'amour de Maryse Wolinski, auteure française qu'il fait intervenir sur scène, au milieu de la chorégraphie. Elle évoque alors le processus de création, ou encore soumet ses doutes aux danseurs sur l'interprétation des personnages qu'elle imaginait autrement. C'est surprenant aux premiers abords, d'autant plus que Maryse Wolinski ne joue pas un rôle, mais se contente d'être elle-même, naturelle, presque gênée d'apparaitre devant le public. Cela donne une belle harmonie à l'ensemble texte et danse, qu'on sent néanmoins diminuer quand la romancière est mise un minimum en scène (pourquoi en rajouter en lui faisant caresser les murs avec tant de gravité ?). Tout son discours est basé sur la frontière entre fiction et réalité, notamment illustré par une très belle scène vers la fin du spectacle : les huit danseurs, incarnant très librement les personnages du roman (un travail a été réalisé sur le genre au sens large du terme), semblent comme dirigés par leur créatrice, devenue elle aussi un personnage de fiction (la toute dernière image du spectacle est à ce titre très explicite). Et sur la chorégraphie en elle-même, la raison d'être du spectacle ? De ce côté-là, pas de grande surprise, c'est du Jean-Claude Gallotta tout craché ; et c'est déjà pas mal diront certains.
Aurélien Martinez

Le Maître d'amour
Du vendredi 19 au samedi 27 juin, à la MC2


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En avant, marche ! (bis)