«Une douce ironie»

Après un passage éclair le 14 mai dernier pour une performance aux côtés des artistes d'Ütopia, le collectif de street art chilien KiltrV expose actuellement à Spacejunk. Entretien avec Bertrand Iratchet, Basque expatrié au Chili et fondateur-coordinateur du collectif. Propos recueillis par Damien Grimbert


Petit Bulletin : Tu peux me présenter KiltrV ?
Bertrand Iratchet : Piguan, Santana, Rayne3xl, Naska et Nebs sont 5 des meilleurs artistes street art de Santiago de Chile. En janvier dernier, ils ont transformé en 11 jours un appartement en une œuvre éphémère (visible une seule journée) et rebelle (l'intervention est le fruit d'une dispute avec le propriétaire véreux de l'appartement). C'était leur première réalisation. À l'image du Chili qui héberge une grande multiplicité de cultures, le collectif est fondé sur la diversité, et les sources d'inspirations et les personnalités des différents membres sont très différentes. À quoi ressemble Santiago, et la scène street art locale ?
Santiago est une sorte d'île, enfermée entre la Cordillère des Andes et l'océan Pacifique. La ville est le fruit d'un développement inégal, l'ambiance là-bas oscille entre aspiration à la modernité et vie de quartier, violence et extrême tranquillité, snobisme et inventivité. Le seul vecteur commun, c'est la pollution. Quant à la scène street art chilienne, c'est sans doute la 2e plus importante après celle du Brésil. Elle est composée d'artistes graffiti et stencil au style unique, autodidactes, très talentueux, mais qui ont souvent du mal à se faire comprendre et respecter par l'autocratie artistique nationale. Le contexte sociopolitique chilien semble une forte source d'inspiration pour le collectif…
Oui, mais à travers une douce ironie, qui est sans doute la marque de fabrique de la génération de KiltrV, voire du peuple chilien en général. Un de nos slogans est « We Are C3 », en référence à la classification marketing chilienne qui définit les différents pouvoirs d'achat par des lettres et des numéros. ABC1 est la classe la plus élevée, et C3 représente « la classe moyenne », mais aussi une certaine façon de voir les choses…Comment se situe KiltrV par rapport aux précédentes générations d'artistes chiliens ?
L'héritage de la Brigada Ramona Parra (une brigade de peintres muralistes qui participa à l'élection de Salvador Allende en recouvrant de couleur les murs du pays) nous permet une certaine légitimité pour revendiquer les murs. Mais nous revendiquons aussi le renouveau générationnel, et l'espace d'expression nécessaire a l'évolution de notre art…Vous travaillez sur quoi, actuellement ?
Le final et le point d'orgue de notre tournée d'expositions 2009 : la venue au Chili au mois d'octobre des artistes de Spacejunk et de Gko Gallery, dans le cadre de la Triennale d'Art Visuel du bicentenaire du Chili.KiltrV
jusqu'au samedi 25 juillet à Spacejunk


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