L'Ampérage crie sa rage

Pour inaugurer ses nouveaux locaux, l'Adaep change de nom mais garde la philosophie initiale du lieu. Et réitère au passage son message à l'égard de la mairie pour un soutien plus accru. Aurélien Martinez


L'Adaep est morte, vive l'Ampérage ! Derrière ce changement d'appellation qui pourrait paraître anecdotique (et légèrement suicidaire, le nom Adaep étant une référence locale incontournable), l'équipe du Stud, aux manettes de la salle depuis plus d'un an, souhaite « marquer le renouveau du lieu » dixit Charline Chechirlian, chargée de la programmation et de la communication. Car des aménagements considérables ont été effectués au cours de l'été pour rendre l'endroit plus agréable à vivre : agrandissement du hall d'accueil, construction de toilettes décentes, aménagement d'un couloir d'expo… Le tout dans les tons de noir, rouge et jaune, ce qui instaure une ambiance originale et chaleureuse (oui, le noir peut être chaleureux !). La salle à proprement parler a elle aussi subi un lifting, avec notamment la pose d'un sol digne de ce nom en lieu et place du béton froid d'auparavant. Ces travaux de réfection, auxquels la marie a participé financièrement, seront dévoilés au public lors d'un week-end d'inauguration les 18, 19 et 20 septembre dont on vous parlera dans un prochain numéro.

La vie en noir

Mais malgré les apparences, tout n'est pas si rose pour le nouvel Ampérage. Après avoir du licencier un régisseur avant l'été, ce sera au tour de Gilles Rousselot, administrateur du Stud, de voir son contrat résilié. La faute au manque de soutien de la part des décideurs locaux nous explique Charline, qui voit ici un paradoxe insupportable entre une mairie qui finance des travaux de rénovation mais qui n'assure pas derrière pour le quotidien. « Les subventions de fonctionnement sont insuffisantes », Charline évoquant le chiffre de 40% du coût total, quand « d'autres lieux sont financés à plus de 70 voire 80% ». Elle met pourtant en avant les quelque 19000 spectateurs accueillis l'année dernière, ce qui place le lieu en deuxième position niveau fréquentation, juste derrière la MC2. Étrange... Selon elle, les collectivités locales préféreraient « que tout se passe dans des salles créées par ses soins, comme la Régie 2C par exemple ». Or le projet de l'Adaep, vieux de 30 ans, est dans une optique différente (beaucoup de coproductions avec des associations par exemple) comme le résume le manifeste publié sur le site du Stud : « Face à cette "culture commerciale", les pouvoirs publics soutiennent à grands coups de subventions des "œuvres" labellisées "excellence artistique". C'est cette culture légitimée par une classe dominante que l'on trouve dans ces "temples" où l'on nous annonce vouloir "démocratiser" la culture. » Les "temples" apprécieront ! Aujourd'hui, l'équipe de l'Ampérage attend désespérément un geste fort de la part des politiques, ou prévient tout bonnement qu'elle se sabordera si les conditions nécessaires à sa survie n'étaient pas pérennisées.


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