Artiste maudit


ART BRUT. Le Musée de Grenoble aime exposer des artistes du milieu du XXe à contre-courant de leur époque et souvent reconnus tardivement. Après le peintre américain Alex Katz, adepte du figuratif en pleine période moderniste, voici Gaston Chaissac, lui aussi dans une direction différente de l'abstraction dominante. Né dans l'Yonne en 1910, il part à Paris à la suite de plusieurs drames familiaux, et rencontre le peintre Otto Freundlich qui le conduit sur des chemins artistiques (Chaissac sera dessinateur, peintre, sculpteur ou encore poète). De santé extrêmement fragile (cela marquera sa vie comme son œuvre), il meurt en Vendée à cinquante-quatre ans, au moment où son travail commence enfin à être reconnu par ses pairs (il faudra attendre dix ans pour que le Musée national d'art moderne lui consacre une première exposition). Au final, l'artiste laisse une œuvre totalement atypique : un des grands représentants de l'art brut en somme, même si ses relations avec Dubuffet – l'un des premiers théoriciens du courant – ont été houleuses (ce dernier a été accusé d'avoir pillé l'œuvre de Chaissac avant de le laisser tomber). Présentée sous le tire Gaston Chaissac – Poète rustique et peintre moderne, l'exposition regroupera quelque 200 œuvres (dont de nombreux inédits), présentées de façon chronologique, des premiers dessins de 1936 jusqu'aux grands collages de papiers peints et les derniers Totems de 1964 nous explique le Musée. Un beau projet en perspective, qui confirme tout le bien que l'on pense des choix effectués par le Musée de Grenoble. Aurélien Martinez

GASTON CHAISSAC – POETE RUSTIQUE ET PEINTRE MODERNE
Du 31 octobre au 31 janvier, au Musée de Grenoble


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Derrière les larmes