Machines à fantasmes


Zoom / Les érotomanes connaissent surtout Milo Manara pour l'œuvre en quatre tomes qui le fit découvrir au grand public, Le Déclic, saga lubrique (récemment rééditée dans une flamboyante version colorisée chez Drugstore / Glénat) tournant autour d'un appareil capable de réveiller la libido la plus enfouie. Même s'il faut reconnaître l'impact de cette œuvre sur l'éveil à la sexualité de bon nombre d'esthètes en devenir (hum), il serait tout de même dommageable de ne s'arrêter que sur cette “passade“ dans la carrière de son auteur, lequel a multiplié les collaborations les plus stimulantes, artistiquement parlant bien sûr - d'autant que quitte à briser un tabou, le scénario n'est pas vraiment le point fort de notre homme (relire les dialogues assez bruts de décoffrage du Déclic pour s'en convaincre…). Parmi les plumes les plus affûtées que Milo Manara a pu illustrer, citons celle d'Hugo Pratt, le père de Corto Maltèse avec qui le dessinateur a livré Un été indien et El Gaucho, deux récits historiques abordant la colonisation sous un angle pour le moins politiquement incorrect. On ne peut manquer ensuite d'évoquer Federico Fellini : Manara a adapté en planches le scénario d'un projet cinématographique abandonné par le maestro, Voyage à Tulum. Enfin, last but not least, l'une des œuvres les plus marquantes de Milo Manara est sans conteste l'une de ses dernières anthologies (en trois tomes, le dernier étant sorti en France en décembre), Borgia, scénarisé par le grand réalisateur Alejandro Jodorowsky, sur l'accession au pouvoir de la fameuse famille italienne ayant nourri bon nombre de fantasmes pas toujours des plus reluisants. Le trait de Manara n'y a jamais été aussi puissant, puissamment érotique, le récit prend acte de la mythification pour contourner habilement son assise historique et livrer sa propre interprétation des faits. Un must.
FCMilo Manara
Dédicace avec l'auteur samedi 26 septembre dès 14h30, à la boutique Momie Folie


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