Assis sur des bancs dans un intérieur dépouillé, on écoute un comédien nous interpréter l'œuvre de Marx. Une pièce originale (et forcément engagée) pas dénuée d'intérêt. Aurélien Martinez
« Le capital est du travail mort qui, semblable au vampire, ne s'anime qu'en suçant le travail vivant ; et sa vie est d'autant plus allègre qu'il en pompe davantage. » Redonner à écouter Karl Marx sans passer par les clichés et les simplifications qui lui sont souvent accolés : voilà le travail auquel s'est attelé le metteur en scène Jacques Allaire avec le comédien Luc Sabot. Ensemble, ils ont relu attentivement l'œuvre du philosophe et économiste allemand, en passant par ses grands textes (dont Le Capital ou encore Le Manifeste du Parti communiste, coécrit avec Engels), mais aussi en épluchant d'autres écrits moins connus (comme ses correspondances personnelles). En choisissant de placer le public sur scène, dans un intérieur chaleureux (est-on chez Marx ?), Jacques Allaire rappelle que nous sommes bien au théâtre, et non en plein cours d'économie (bien que tout un jeu soit créé autour). Sans tomber dans le moralisme à outrance ou les résonances faciles avec l'actualité (même si évidemment l'analyse de Marx peut, à bien des égards, sembler actuelle en cette période de crise), le metteur en scène se contente simplement de porter la parole d'un des grands penseurs du XIXe siècle, avec un comédien assez fort au service des textes. Finalement, ce Marx matériau est original dans sa forme et pertinent dans son fond, même si on aimerait d'autres éclairages plus contemporains (des économistes ont par la suite complété des points de l'œuvre de Marx) pour ne pas sombrer dans la glorification sans recul. A ce titre, il est intéressant de rester à la fin du spectacle pour échanger avec le metteur en scène qui prolonge le débat et offre d'autres clés de lecture, notamment sur les liens actuels entre culture et économie. On n'a finalement pas l'habitude de réfléchir autant au théâtre, et ça fait du bien !
MARX MATÉRIAU, CELUI QUI PARLE
Jusqu'au vendredi 16 octobre, à l'Amphithéâtre de Pont-de-Claix