Chaissac par sa fille

Annie Chaissac, la fille de l'artiste, était présente vendredi lors de la journée d'inauguration. Ça tombe bien, nous aussi ! Propos recueillis par Aurélien Martinez


Son isolement vendéen
Beaucoup de jeunes venaient voir mon père. Mais évidemment peu d'artistes parisiens qui, eux, se rencontraient dans la capitale, se concurrençaient… Attention, mon père connaissait les codes du monde des artistes, mais simplement, par rapport à son choix de vie – pas de besoin d'argent ou de notoriété démesurés –, il s'était construit une petite niche qui devait lui paraître assez confortable. Et il sortait de cette niche par la correspondance, abondante [une dizaine de lettres, adressées aussi bien à des proches qu'à des artistes, sont présentées dans l'exposition, NDLR].

Sa relation avec Dubuffet
Les deux hommes étaient bien ensemble à partir du moment où chacun parlait de son travail, et uniquement de son travail. Parce que physiquement, quand ils se sont rencontrés, ils se sont vite ennuyés, voire fuis d'une certaine manière.

Naissance des totems
Il allait chercher des feuilles dans l'épicerie d'en face, et quand des enfants venaient le rejoindre dans ce que l'on appellerait aujourd'hui son atelier d'artiste, il dessinait avec eux sur ces supports bon marché – mais ça n'avait pas d'incidence sur la qualité. Il les encourageait ainsi à faire, notamment avec ses bonshommes que j'aime beaucoup. D'ailleurs, je considère ces œuvres comme le travail préparatoire pour ses totems.

Sa fin de vie
Il ne cessait de lancer des appels au secours, d'avoir des réflexions amères sur ce qui lui était arrivé… Peut-être qu'il avait ça en lui depuis le début, mais alors ce n'était pas aussi prenant… Il était sans doute déçu d'avoir dépensé tant d'énergie pour si peu de résultat et de reconnaissance apparents. Bien qu'en même temps, il était tout à fait conscient de sa position vis-à-vis des autres peintres de son époque.


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