"Littoral" : je t'aime moi non plus


Et revoilà Wajdi Mouawad, celui qui fascine autant qu'il irrite. Avant la présentation de sa dernière création Ciels en mars prochain à la MC2, il revient cette semaine à l'Hexagone avec Littoral, un texte du début de sa carrière (ici présenté dans une nouvelle mise en scène) et surtout premier volet de la tétralogie où l'on retrouve Ciels, Incendies et Forêts – cette dernière pièce, présentée il y a deux ans à Grenoble cristallisant en elle tout ce que les anti-Mouawad haïssent (en gros, son attrait pour le soap opera mythologique gros sabots).

Sauf que contre toute attente, Littoral est une bonne surprise. Certes, Mouawad reste dans sa lignée (il semble faire une psychanalyse à chaque nouvelle pièce, lui le Libanais contraint à l'exil dans sa jeunesse), mais il nous gratifie ici d'un texte fort, sans fioriture dramaturgique aguicheuse tirée par les cheveux, et d'une mise en scène plus que généreuse. Car force est de reconnaître que Wajdi Mouawad sait toucher le public là où il faut, un public qui lui répond toujours par des salves d'applaudissements enjoués – réaction vérifiée une fois de plus lors de la première de Littoral à Chambéry au printemps dernier.

Alors même si l'univers de Mouawad nous laisse quelque peu perplexes (la transmission et l'héritage, ici matérialisés par un voyage initiatique avec un père disparu, ce n'est pas trop notre tasse de thé), et si l'on avoue avoir du mal au début de la pièce avec le jeu de l'acteur principal, une fois nos a priori laissés de côtés, on finit par rentrer pleinement dans Littoral, et éprouver un réel plaisir, devenu assez rare sur les scènes de théâtre.

LITTORAL
Mercredi 18 et jeudi 19 novembre à 20h, à l'Hexagone (Meylan)


<< article précédent
"L’Homme à tête de chou" : vertiges de l’amour