Les mots qui chantent


THÉÂTRE / Gregory Faive, metteur en scène grenoblois (Les Reines, il y a deux ans, c'était lui) revient avec un projet ambitieux : porter sur le plateau le verbe de Jean-Pierre Siméon, poète et auteur associé au TNP de Villeurbanne. Il s'est emparé de cet « objet théâtral improbable » (l'expression est de Siméon) que sont les Sermons joyeux : un long poème découpé en sermons donc, où l'auteur laisse précisément la langue s'exprimer. Pas de trame ou de personnage, simplement des mots et des idées. Gregory Faive a décidé d'inscrire ces vers dans un décor de comédie musicale, en les faisant porter par trois comédiens convaincants. On assiste alors à un spectacle touffu, qui essaie d'interpeller le spectateur par les tripes et lui faire prendre conscience qu'il est bien « vivant » dixit Gregory. Alors forcément, il y a de quoi se perdre en chemin dans ces Sermons. Par leur exigence, leur sens de la poésie et leur éloquence, ils impressionnent, nous laissant quelques fois égarés en chemin (contrairement à un livre, il est impossible au théâtre de relire une phrase si on en n'a pas saisi la portée !). Qu'importe serions-nous tentés de s'exclamer : ce spectacle se prend en un tout, comme une claque en pleine figure, sorte d'éloge de la poésie. Et justement la langue poétique n'est pas toujours intelligible aux premiers abords, ce qui fait sa richesse et sa force.
Aurélien MartinezLES SERMONS JOYEUX
Jusqu'au samedi 28 novembre, à la Salle noire


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