La vérité sur Charlie

Entretien avec Alain Weill, défricheur graphique, enfant de la bande à Charlie et instigateur de l'exposition. Propos recueillis par FC


Petit Bulletin : Comment s'est monté ce projet ?
Alain Weill : Je suis un collaborateur de longue date d'Echirolles et du Centre du Graphisme, j'avais déjà monté les expositions autour de Savignac et Sexe Drogue et Rock'n'roll. Quand j'ai eu cette idée de dévoiler les affiches que j'avais glané au fil des ans, j'en ai parlé à Diego Zaccaria, le délégué général du Centre du Graphisme, qui a donné suite assez rapidement. Qu'est-ce qui a vous a motivé à montrer les à-côtés du journal ? D'abord, je considère qu'au point de vue de l'illustration et de l'image satirique, ce sont des gens qui ont fait une vraie révolution à leur époque, et que depuis, personne n'a fait mieux. Je voulais montrer ces dessins dans toute leur ampleur graphique, en grands formats, pour un meilleur impact, et montrer ainsi qu'on ne pouvait pas les cantonner à des rôles de “simples“ illustrateurs, du fait de leurs implications dans le théâtre, le cinéma et la politique. Pour moi, l'ensemble fait sens. J'assume tout, j'ai gardé ce qui me semblait intéressant, en faisant juste abstraction de quelques commandes visiblement rapides et pas très réfléchies.

Dans les textes accompagnant l'exposition, vous n'êtes pas tendre avec Philippe Val…
Je dis ce que je pense de lui, oui. Après, l'équipe était moins soudée, les choses ne fonctionnaient pas du tout comme avant, le Professeur Choron n'était plus là… ça s'est assagi, il manquait le talent de barges et de provocateurs qu'ils avaient pu avoir. Mais si vous voulez, dans tout mouvement artistique, que ce soit le cubisme ou Charlie Hebdo – vous voyez, je ratisse large -, le moment où les artistes inventent et sont au maximum de leur talent créatif semble toujours plus intéressant a posteriori, vingt ans plus tard… Charlie reste tout de même un journal comme il n'y en a jamais eu, et là, il est redevenu meilleur sans Val. Faute d'être un espoir, ça reste une réalité encourageante !


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