Des seins animés
publié dans Connaître par François Cau le Lundi 30 novembre 2009
Chronique / Ces derniers temps, une flopée d'ouvrages liés de près ou de loin à la bande à Charlie vient squatter les étals de nos innocentes librairies. On écarte (délicatement, ça va sans dire) ceux voués à la gloire d'un seul dessinateur pour se focaliser sur l'une de ces anthologies fonctionnant surtout à la nostalgie de ce temps jadis où la contestation n'était pas systématiquement assujettie à son douloureux effet boomerang : un recueil de romans-photos du Professeur Choron. Publiés dans Hara-Kiri puis Charlie Hebdo, scénarisés par Wolinski, ils étaient en apparence le prétexte rêvé, pour la bande d'érotomanes constituant le corpus de la rédaction, d'exhiber de jolies pépées peu frileuses, selon le sacro-saint principe de la pin-up de la semaine (ou du mois, selon les époques). De fait, ces pages assumaient parfaitement leur caractère frivole, mais se faisaient aussi le reflet de l'esprit subversif de la parution comme de son “invraisemblable“ liberté éditoriale : au beau milieu de ces nymphettes (bien plus aguichantes que les canons de beauté contemporains, soit dit en passant) s'ébrouait ainsi toute la rédaction de Charlie, qui dissertait entre deux fesses et quelques invités de renom (Coluche, of course, mais aussi Le Luron, Renaud, Alain Souchon, Miou-Miou…) des aléas sociaux-politiques d'alors, selon le principe érigé en règle d'or par le canal historique du magazine – prendre les plus grands errements des tenants de la République, les pousser dans leurs derniers retranchements pour en montrer toute l'absurdité et surtout l'horreur rampante. Non-sensique, grotesque, gore, séditieux, scandaleux, bref, le cadeau de Noël parfait, dans une édition flamboyante assortie de commentaires de Wolinski, histoire de nous recontextualiser tout ça avec une tendresse bienveillante, sans passéisme déplacé. FCLes romans-photos du Professeur Choron
De Wolinski et Chenz (Drugstore / Glénat)