Le plateau comme crachoir


PORTRAIT / En avril dernier, au sujet d'une représentation à Orléans de son Idiot ! d'après Dostoïevski (présenté à la MC2 la saison passée), Vincent Macaigne nous déclarait : « On a eu un public jeune, composé essentiellement de lycéens et d'étudiants, et c'était vraiment joyeux et intéressant, ça buvait des bières, ça dansait… Mais ils restaient attentifs, ils écoutaient l'histoire, comprenaient que ça s'adressait à eux. C'était une vraie fête du théâtre, sans violence, sans rapport culturel au théâtre au sens institutionnel du terme. C'était comme dans un concert, le spectacle était écouté, avec des moments où ça rigolait et d'autres où on entendait une mouche voler, c'était joli de voir ça. » Au vu de son approche de la scène – un espace « pour qu'on vienne y faire quelque chose de sa vie » – et plus largement du spectacle vivant (le terme trouve ici tout son sens), on est en droit de subodorer que le cabaret de Macaigne, au titre annonciateur d'apocalypse visuelle (On aurait voulu pouvoir salir le sol, non ?) mais dont on ne sait strictement rien, sera un grand moment. Car Macaigne se sert du plateau pour bousculer notre monde et en retourner ses soubassements implicites les plus solides avec la délectation d'un gosse qui aurait foutu un bon coup dans la fourmilière. Comédien chez Jouanneau, Bédard, Didym ou encore Martinelli (il jouait dans son Kliniken l'année dernière à la MC2), et auteur de plusieurs pièces, Macaigne s'exprime pleinement dans ses mises en scène entières, trash et sans concession, à même de choquer les âmes les plus prudes (les réactions à son Idiot ! étaient tranchées, les spectateurs étant plus habitués à voir "ça" avec le filtre d'un écran de cinéma que directement devant leurs yeux). Et Dieu sait qu'on adore ça !
AM

ON AURAIT VOULU POUVOIR SALIR LE SOL, NON ?
Du mardi 15 au vendredi 18 décembre à 22h, au Grand studio de la MC2


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Cabaret électrique intimiste