"Le Roi s'amuse" : mi-figue, mi-raisin


Drame historique en cinq actes de Victor Hugo, Le Roi s'amuse a été censuré dès sa création en 1832 à la Comédie-Française, pour finalement n'être rejoué que cinquante ans plus tard. Le motif de la colère du pouvoir en place à l'époque ? La représentation d'une caste dirigeante frivole, avec un roi s'adonnant sans vergogne aux plaisirs de la chair. Anne Courel avec sa cie Ariadne (en résidence au Théâtre Jean Vilar de Bourgoin-Jallieu) a décidé de monter aujourd'hui ce texte fort mettant en scène François 1er et sa cour. Soit les mésaventures d'un bouffon guidant non sans cynisme son roi vers la débauche mais protégeant sa propre fille des maux de la cour qu'il sert. Et qui finira tragiquement arroseur arrosé, avec une enfant morte entre les bras.

La mise en scène d'Anne Courel fait référence au théâtre de tréteaux : les nobles sont caricaturés à l'extrême (en particulier lors des chansons), face à un Triboulet (le bouffon) suscitant l'empathie. La compagnie, qui s'attelle plus souvent au répertoire contemporain (on attend sa lecture du texte de Sylvain Levey Alice pour le moment le mois prochain à l'Espace 600), fait donc ici un détour par le théâtre classique. Si on n'a pas forcément de reproches flagrants à faire (hormis quelques partis pris discutables, notamment concernant la direction d'acteurs), on reste néanmoins de marbre face à cette proposition assez bien ficelée mais finalement très vite oubliée.

Le Roi s'amuse
Mercredi 16 décembre au Grand Angle (Voiron)
Jeudi 17 et vendredi 18 à l'Amphithéâtre (Pont-de-Claix)


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