Jean-François Braun : « La Source est un projet pour toutes les musiques »

À un mois du lancement de saison de sa grande salle de concert, la Source, ambitieuse structure sise en plein cœur de Fontaine, voit déjà son équipe s'activer avec frénésie. Entretien avec son directeur, Jean-François Braun.


Petit Bulletin : Je suppose que c'est un grand soulagement d'arriver enfin à la concrétisation du projet ?

Jean-François Braun : Là, on est dans les phases de prise en main, de réglage. L'École de musique est officiellement ouverte au public depuis le 5 janvier, on a encore un mois pour être prêts pour la grande inauguration. La grande salle devrait être opérationnelle cette semaine, on espère pouvoir faire les premières répétitions fin janvier. Autant dire qu'on n'a pas de temps mort ! Et oui, c'est un soulagement puisque c'est un projet de longue haleine…

Qui a plutôt joué de malchance…

Malchance ou pas, je ne connais pas un projet qui ait été livré dans les temps, ça n'existe pas. De plus, cette salle est un prototype, le concept comme le projet architectural sont nouveaux. Ça implique un surplus d'aléas, d'intervenants… Plus les découvertes quand on conçoit un projet, qu'on s'installe sur un terrain – bon, c'est sûr qu'on n'est pas non plus tombés sur une cité troglodyte enfouie ou sur une mine, comme à Brest, mais on peut dire qu'on a bien cumulé.

Pour un projet qui a été confié à une équipe de maîtrise d'œuvre en 2003, ouvrir en 2010, ça fait beaucoup, mais ça existe dans d'autres domaines. J'ai connu des retards pas vraiment similaires mais conséquents au Brise Glace [salle de concerts d'Annecy dont Jean-François Braun fut directeur - NDLR], donc ça ne me choque pas.

L'une des caractéristiques majeures du projet est son inscription très affirmée dans la vie de la municipalité…

Fontaine a voulu que ce soit un lieu central, presque, en termes urbains, de reconstruction d'un centre ville. L'un de mes axes de travail prioritaires fut de recentrer l'écriture du projet d'établissement, une phase qui a duré un an et demi – deux ans. L'articulation entre le projet pédagogique, le projet culturel et le projet artistique est maintenant bien inscrite. La dominante musicale est affirmée, ainsi que la formation des apprenants et des amateurs, la valorisation des pratiques et le travail sur les professionnels – maintenant, faut que ça vive.

C'est un lieu voulu dans un cadre de service public, et c'est un geste fort pour une municipalité de dire que dans le service public il y a ces dimensions-là. Bien sûr, ça complique les choses par rapport à un lieu traditionnel, il nous reste beaucoup à construire en lien au territoire local, et après sur l'agglo pour ce qui est de l'artistique.

Justement, sur l'agglo, la Source se fait forcément le catalyseur de beaucoup d'attentes en ce qui concerne les musiques actuelles…

Je ne ressens pas de pression à ce niveau-là. Peut-être y a-t-il eu maldonne pour certains qui se disaient que ça allait être un projet uniquement dévolu aux musiques actuelles, alors est-ce dû à mon arrivée, je n'en sais rien. Toujours est-il que la Source est un projet pour toutes les musiques, l'idée est de garder l'équilibre entre toutes les esthétiques, dans un souci de complémentarité avec ce qui existe déjà localement.

Le gigantisme du plateau de la grande salle a dû influer sur la programmation ?

Il est effectivement conçu pour de grandes formes, des projets avec une vraie dimension scénique – il faut que l'occupation de la scène soit intégrée. C'est justement ce qui est intéressant par rapport aux autres plateaux de l'agglo, sur les spectacles un peu mixtes ou les musiques amplifiées, c'est qu'on remplit un office qui n'existait pas. On a la possibilité d'accueillir des orchestres, des big bands qui ne pouvaient jusqu'alors pas se produire dans de bonnes conditions. Je souhaite également développer les capacités de jeu sur l'image, notamment en programmant des ciné-concerts.

C'est un projet imposant pour la municipalité…

Fontaine fait de gros efforts sur ce projet, des efforts presque démesurés pour une ville de cette taille avec ces moyens. Donc oui, on est dans un cadre budgétaire très fixé, avec un fonctionnement en régie directe. Le budget est doublé par rapport à celui, original, de l'École de musique, mais la part artistique est relativement faible par rapport à d'autres projets de même envergure, c'est une réalité. Il faudra peut-être à terme qu'on trouve des partenariats, le Département devrait nous suivre, éventuellement le Conseil régional. Mais pour cela, il faudra qu'on fasse nos preuves.


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