Yona, la légende de l'oiseau sans aile

De Rintaro (Jap-Fr, 1h27) animation


Il en va du cinéma japonais traditionnel comme de sa branche animée : une même et lente déchéance où ne survivent que quelques noms. Parmi eux, Rintaro, figure légendaire de l'animation nippone aux côtés d'Osamu Tezuka, Katsuhiro Otomo et Hayao Miyazaki. À la différence des autres, Rintaro ne dessine pas, n'a aucun univers propre ; c'est un metteur en scène qui avec son studio, Madhouse, a produit, supervisé ou réalisé des perles comme "Ninja Scroll" et "Metropolis". Après plusieurs années de silence, le voilà aux commandes de "Yona", coproduction franco-japonaise tournée en images de synthèse. Conte a priori simple, linéaire, autour d'une enfant solitaire embarquée dans un récit initiatique aux vertus socialisantes, "Yona" mélange divinités, démons, gobelins et angelots échappés de Michel-Ange. De ce grand fourre-tout transculturel empruntant divers motifs et influences aux imaginaires japonais et occidentaux, ressort un objet étrange, syncrétique, beau parfois. À l'image de son esthétique où des textures et effets 2D, comme peints à la main, sont plaqués sur la 3D. Procédé intéressant, quoique trop visible, inégal, et n'arrivant surtout pas à compenser les faiblesses d'un scénario très ciblé pour les moins de six ans. Il manque à "Yona" cette universalité miyazakienne qui touche au-delà des âges.
Jérôme Dittmar


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