"Ciels" : virage à 180° pour Wajdi Mouawad


Wajdi Mouawad, que l'on a connu lyrique dans ses grandes odyssées métaphoriques à tiroirs, s'installe cette semaine à la MC2 avec sa nouvelle création Ciels. Dans le dernier volet de sa réflexion sur l'héritage, Mouawad prend ses spectateurs à rebrousse poil, au risque de les froisser (l'accueil a été mitigé lors de sa présentation cet été à Avignon, où il était artiste associé). Littoral, Incendies et Forêts, pièces toutes les trois présentées à l'Hexagone, étaient construites sur la notion de partage générationnel et du devoir de comprendre ses origines ; ici, c'est l'inverse : non, les enfants que l'on a engendrés ne sont pas forcément nos clones et peuvent lutter avec force contre les idéaux familiaux.

En plus de 2h30 (que l'on sent bien passer), on assiste alors à la déliquescence progressive de la notion d'héritage, malmenée par des aînés incapables de comprendre leur descendance. Le tout dans une scénographie on ne peut plus originale, les spectateurs se retrouvant au centre d'un dispositif où les comédiens évoluent sur les côtés et en hauteur.

Résultat, on peut trouver un certain plaisir dans ce spectacle mené façon 24 heures chrono (l'intrigue se situe dans une sorte de cellule antiterroriste), malgré la présence des gimmicks incessants de l'auteur – son penchant pour le tire-larmes ou les récits fleuves à certains moments indigestes. Car on en pensera ce qu'on voudra, mais Mouawad a encore gagné son coup en montrant sa capacité à embrasser les grands thèmes contemporains qui agitent nos esprits, avec la chose théâtrale comme outil. Respect !

Aurélien Martinez

CIELS
Du mardi 2 au samedi 6 mars, à la MC2


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