Rencontre avec la précarité


Grand reporter à Libération puis au Nouvel Observateur, Florence Aubenas a rendu compte de nombreux conflits du globe jusqu'à être retenue en otage en Irak en 2005. Loin des terrains de guerres, elle a décidé l'an dernier de prendre six mois de congé sabbatique et s'est inscrite à Pôle emploi avec une situation inventée : elle vient d'être quittée par son compagnon, qui jusque là l'entretenait, et elle a besoin de trouver un travail mais n'a pas de qualification. Seul ce postulat de base est une fiction. Car pour le reste, Florence Aubenas est dans le réel. Elle a gardé son identité, s'est juste teint les cheveux en blond et a chaussé des lunettes. Puis vogue la galère. Dans Le Quai de Ouistreham, elle relate en détails, de manière plus journalistique que littéraire, cette expérience qui l'a vue devenir femme de ménage et accepter des amplitudes d'horaires de travail infernales, un salaire calculé au quart d'heure de labeur près. Si elle s'est fait des amis au cours de ses stages “CV“ et formations “hygiène“, Florence Aubenas nous montre surtout salutairement à quel point le travail précaire aliène l'individu jusqu'à la nausée.
Nadja Pobel


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