De chair et de sang


JEUNE PUBLIC / C'est l'histoire du Petit Chaperon rouge, fable naïve et cruelle sur le passage à l'âge adulte, retravaillée pour la scène par l'Allemande Ilka Schönbein (artiste de réputation internationale). Sauf qu'ici, on est moins chez le magicien Pommerat et ses spectacles grandiosement imagés (on a pu voir son Pinocchio l'an passé à la MC2) qu'à l'intérieur d'une fabrique artisanale : un art tout en évocations subtiles. Soit un lit, au centre du plateau : un grand lit qui grince, décor unique pour la comédienne Laurie Cannac qui saisit toutes les possibilités d'une scénographie de la sorte. Elle interprète un Chaperon dévergondé, amateur de vin et d'interdits, en rébellion contre une mère castratrice à coup de "fais pas ci, fais pas ça" qui refuse que sa fille sorte dehors, même pour aller rendre visite à sa grand-mère. La suite, on la connaît, évidement. Sauf que le conte prend une autre forme quand les marionnettes entrent en jeux. Des marionnettes à taille humaine, couleur chair (fraîche), magnifiques, manipulées par la comédienne elle-même (une prestation très physique), qui offrent des scènes d'une réelle beauté. On pense à celle où le loup dévore la grand-mère, chorégraphiée autour d'une couette, ou encore le tableau final, très drôle. Du travail d'orfèvre remarquable, qui compense les quelques moments plus faibles du spectacle, lorsque notamment la comédienne verse dans le cabotinage un tant soit peu excessif.
Aurélien MartinezFAIM DE LOUP
Jusqu'au vendredi 12 mars (mercredi à 19h30, jeudi et vendredi à 9h30 et 14h30), à l'Espace 600


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