Le maître du monde


PORTRAIT / Les trois spectacles s'étalent sur 6h30. Entre chacun, un entracte pour permettre au public de reprendre des forces. Et avant chacun, Jan Lauwers qui présente sa compagnie, les nouvelles recrues… Car l'homme, à la tête de la Needcompany, travaille en groupe, écrivant pour ses interprètes qui le suivent de spectacle en spectacle. L'un d'eux ressort ainsi à chaque création : Viviane De Muynck, qui interprète Isabella, revient dans La Maison des cerfs, en mère protectrice. Cette notion de troupe est la force de Lauwers. Né en 1957 à Anvers, notre homme, plasticien de formation (il a étudié à l'Académie des Beaux-Arts de Gand), fonde fin 1979, avec plusieurs autres artistes, l'Epigonentheater zlv (zlv pour "zonder leiding van", sous la direction de personne), avant de dissoudre ce collectif en 1985 pour créer la Needcompany avec Grace Ellen Barkey (chorégraphe attitrée de la Needcompany, elle est interprète sur Le Bazar du homard et La Maison des cerfs). Les spectacles de Lauwers, généreux, ont pour mission subliminale de renouveler le théâtre européen, notamment en confrontant pleinement tous les arts. Lauwers signe ainsi tout un travail plastique conséquent, magnifique sur Sad Face / Happy Face. Toujours dans cette idée d'exploration, Lauwers lance en 1999 les Needlapb : « des rencontres permettant la présentation d'idées, d'observations, d'esquisses, de considérations diverses ». Le public découvre ainsi « différents projets à l'état d'ébauche, des expériences se frayant à tâtons un chemin vers la scène ». Un véritable artiste qui, même si l'on n'adhère pas à l'ensemble de ses choix, redonne un sens à la notion de spectacle vivant.
AM


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