Vers l'infini et l'au-delà


Zoom / De temps en temps, un OVNI s'écrase dans un paysage littéraire trop morne. Un ouvrage qui vous chavire par son style unique, son imagination débordante, son humour indéfinissable, ses capacités à se jouer de la suspension d'incrédulité avec la virtuosité d'un surdoué ayant la modestie de ne pas reconnaître son talent. Une partie du tout, le premier roman de Steve Toltz, cumule toutes ses qualités. Son histoire ? Impossible à résumer en quelques mots. Disons qu'il s'agit d'un roman initiatique à l'échelle de plusieurs vies, où Jasper Dean et son père Martin, ravagés par une misanthropie contagieuse mais non dénuée d'une savoureuse ironie, apprennent, au gré de moult aventures rocambolesques à travers le globe, à s'accepter et à vivre avec l'idée de leur propre mortalité. On n'en dira pas plus. On en a déjà trop dit. Une partie du tout surprend en permanence par son abondance dramatique, par son aisance à mélanger les époques, les intrigues, les styles d'écriture. D'une exigence littéraire hors norme, le roman donne occasionnellement l'impression de s'égarer, avant d'orchestrer une montée crescendo dans ses 100 dernières pages. Toutes ses digressions s'y justifient, leurs sens ne cessent de s'affiner au fil de rebondissements vertigineux. Et l'improbable feuilleton, gorgé de situations toutes plus incroyables les unes que les autres, de révéler ses enjeux philosophiques, métaphysiques, humains. Ambitieux mais pas prétentieux, grave mais profondément ludique, Une partie du tout est typiquement le genre de roman qui vous donne envie de vous replonger dans les joies de la lecture, tout en redéfinissant en permanence son potentiel d'évocation. Et dire qu'il s'agit d'un premier livre…
FCSteve Toltz
“Une partie du tout“ (Belfond)


<< article précédent
"Cannibales" : jeunesse consumée