Éloge du rire

THÉÂTRE / Même si l'on n'a pu voir qu'une toute petite bande-annonce, on s'intéresse quand même ici au spectacle Brainstorming de la compagnie du même nom. Parce qu'on en a eu plein de bons échos, et surtout parce que le burlesque, quand c'est bien fait, c'est vachement bien ! Propos recueillis par Aurélien Martinez


Petit Bulletin : Comment est né le spectacle ?
Maud Chaussé, l'une des quatre comédiens : En janvier 2006, à la fin de notre cursus au Fraco [Formation professionnelle lyonnaise réservée à l'acteur comique et au clown, NDLR], les trois derniers mois ont été réservés à la création. On a ensuite été très bien accueillis par le public, et l'on a alors décidé de continuer, en montant notre compagnie. On tourne depuis !Vous traitez sur scène du monde de l'entreprise…
Au départ, c'est vraiment un prétexte. Je voulais travailler autour d'un personnage un peu strict, avec tailleur et talons : c'est parti comme ça, et ça a très vite marché dans l'espace. Ensuite, deux autres personnages sont venus se greffer. Ensemble, on s'est dirigés vers quelque chose de très physique – j'avais envie de travailler sur des énergies. Puis on a trouvé cette répartition entre la patronne et les employés. Du coup, j'ai cherché à ne pas dire n'importe quoi : j'ai acheté le magazine L'Entreprise, j'ai lu beaucoup de discours de Laurence Parisot – qui à l'époque disait pas mal de choses… très intéressantes ! Finalement, le spectacle s'est écrit à la fois corporellement, et à la fois avec du texte, en se fixant sur le monde de l'entreprise pour aller plus loin. La base, qui n'était à l'origine qu'un prétexte, est ainsi devenue support.La création a été collective…
Au départ, c'est parti de mon initiative, et rapidement j'ai proposé ce projet aux trois autres garçons. Donc oui, c'est vraiment une création collective. On a fait le spectacle à quatre. C'est-à-dire par improvisations : on gardait ce que l'on aimait, ce qui marchait, on resserrait ensuite. Encore aujourd'hui, il y a des choses qui évoluent au fil des représentations…Quelles sont vos références ?
Le dessinateur Gotlib, beaucoup ; et aussi les Monty Pythons – on est assez fans ! –, Chaplin, le cinéma muet…Dans le monde du spectacle vivant, la forme burlesque n'est pas forcément reconnue et prise au sérieux…
On s'est rendu compte que les programmateurs étaient assez frileux vis-à-vis du style, même s'ils sortaient – ça nous est arrivé plusieurs fois – en disant : "oh oui, ça marche bien, mais bon, on n'arrivera pas à mettre ça dans notre programmation". Pourtant, même si le style a eu son heure de gloire il y a un temps, on y revient un petit peu, il y a plusieurs compagnies qui se lancent… Mais ce n'est pas évident, car le burlesque fait peur. Certains craignent que ce ne soit que corporel, et que les artistes n'aient pas de discours. Alors qu'au final, on peut dire beaucoup de choses avec le burlesque !Brainstorming, quand l'entreprise s'emballe...
Vendredi 9 avril à 20h30, au Coléo (Pontcharra)


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