"Magie Noire" : jours de fête signés Laurent Poncelet


Magie Noire, la nouvelle création de Laurent Poncelet (cie Ophélia Théâtre), a carrément de la gueule (bien que nous l'ayons découverte pas tout à fait aboutie, à une semaine de la première). Parti au Brésil rencontrer des jeunes des favelas de Recife, le metteur en scène grenoblois a ramené un spectacle festif issu pourtant d'un matériau difficile : l'histoire de ces jeunes brésiliens, tout juste sortis de l'enfance mais qui ont déjà côtoyé l'horreur de près (violences, meurtres de proches…). Poncelet a ainsi travaillé avec une douzaine d'entre eux, à partir d'improvisations, pour ensuite élaborer la trame : une tranche de vie dans un bidonville où une guerre des gangs fait rage, poussant chacun des deux camps aux représailles mortelles.

Sur scène, ça part donc dans tous les sens, avec un savant mélange de capoeira, hip-hop, danse afro, percussions… La troupe de jeunes (qui restera en France jusqu'en juin, dates des dernières représentations) porte parfaitement le projet, même si évidemment certains sortent du lot plus que d'autres (les filles semblent effacées face à certains garçons charismatiques). On émettra simplement une réserve : l'utilisation excessive de contre-pieds musicaux – notamment la musique baroque pour les scènes graves, qui surligne dramatiquement le propos plus que de raison. Car la force de ce spectacle est avant tout qu'il se suffit à lui-même : une proposition d'une extrême générosité, loin du misérabilisme – ou inversement du folklorisme – auxquels on pouvait s'attendre avec un tel sujet.

AM

MAGIE NOIRE
Vendredi 30 avril à 20h30, au Coléo (Pontcharra). Puis le 5 mai à l'Heure-Bleue, le 8 à la Mure, le 10 mai à l'Espace 600, le 20 à Vizille, le 28 à Villard-Bonnot…


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