Du blues à l'âme


MUSIQUE / Un soir de l'été 2006, à Lyon, au festival les Nuits de Fourvière. Un concert estampillé "musique du monde", avec Souad Massi et Natacha Atlas en têtes d'affiche. Et, en première partie, un inconnu au bataillon : Davy Sicard. Le public, plus ouvert aux découvertes que lors d'un concert de – au pif – Sardou, se laisse prendre au jeu… et la magie opère, notamment grâce au charisme évident du Monsieur. Car la musique de ce Réunionnais renferme une générosité intrinsèque et une chaleur évidente. Du « maloya cabossé », comme il le chante sur son premier album Ker Maron – le maloya étant la musique réunionnaise par excellence, que l'on rapproche du blues américain pour les sentiments contradictoires qu'il peut exprimer (le site maloya.org, traitant des identités et des cultures de l'Océan indien, explique « qu'en malgache, maloya aho veut dire "parler", "dégoiser", "dire ce qu'on a à dire" »). Davy Sicard, auteur-compositeur multi-instrumentiste, délivre ainsi, en créole ou en français, un cri de douleur (il évoque l'esclavage, la colonisation, …). Un cri néanmoins nourri d'espoir (il n'évite pas les thèmes passe-partout que sont l'amour, la famille, …), avec un timbre non sans rappeler certains folkeux anglophones (comme sur le très beau De vous à moi). Un hommage aux pères modernisé et envoûtant en somme, qu'il a continué sur Kabar, son second album sorti en 2008, et qu'il défendra sur le plateau de la Source pour un concert que l'on espère à la hauteur de celui de Fourvière. AMDAVY SICARD
Mercredi 12 mai à 21h, à la Source (Fontaine)


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