Tigre esseulé
publié dans Musiques par François Cau le Lundi 3 mai 2010
L'Hexagone nous a déniché une petite perle musicale dont il serait dommage de se priver.
Laetitia Giry
Il est apparemment de mise, quand on évoque la carrière du pianiste de jazz Tigran Hamasyan, de commencer par saluer sa virtuosité précoce. En grands sages que nous sommes, conformons nous à cela : son intérêt pour la musique est déjà un fait alors qu'il n'a que trois ans (période à laquelle il entraînait sa voix sur du Led Zeppelin ou du Deep Purple – la classe !), à sept son apprentissage classique est bien entamé, son attraction pour le jazz, l'improvisation et le désir de composer apparaissent donc comme la suite logique du parcours d'un musicien pressé. Très vite repéré par ses pairs dans différents festivals de jazz – il reçoit en 2006 le prix Thelonious Monk, décerné par un Jury composé notamment de Wayne Shorter et Stevie Wonder, re la classe – celui qui porte aujourd'hui fièrement ses vingt-deux ans compte déjà trois albums à son actif. Souvent accompagné, il jouera ce vendredi seul au piano.
Convergence d'influencesNew-yorkais d'adoption, Tigran profite et participe pleinement du mélange des genres pour lequel la ville est si fameuse. Son unique ligne directrice semblant être celle de la liberté de composition offerte par le jazz, il s'approprie une forme de rock et de metal pour des modulations assez surprenantes (Serpentine, Red Hail), jamais dissonantes, mais qui sont loin d'être ce qu'il fait de mieux à notre goût. On le préfèrera largement dans Love Song (titre phare du dernier album, Red Hail), car là où Tigran fait mouche, c'est plutôt dans la parfaite intégration de sa culture d'origine dans un jazz éminemment occidental. On ne l'a pas encore dit, le jeune homme nous vient d'Arménie, pays dont la culture musicale riche et vagabonde, pleine d'une mélancolie orientale, se marie de manière charmante au jazz. Les morceaux Amran Gisher ou Anush Garun en sont des témoins tout ce qu'il y a de plus charmants. Et si ces derniers nécessitent manifestement la présence de son groupe (saluons au passage la beauté tranquille de la voix féminine), espérons que sa présentation solo regorgera de surprises parfumées d'Orient. Pour ce qui est du charisme, les quelques vidéo vues sur le net nous prêtent à croire qu'il n'en manque pas : voyez donc la mèche rebelle qu'il arbore. Tigran Hamasyan
Vendredi 7 mai à 20h à l'Hexagone