«Ne pas reconstituer la veillée d'antan»

FESTIVAL / Les Arts du récit lancent cette semaine leur vingt-troisième édition dans différents lieux de l'agglo et du département. Pour en savoir un peu plus, on a rencontré le boss Henri Touati, toujours aussi enthousiaste. Propos recueillis par Aurélien Martinez


Petit Bulletin : Qu'englobez-vous sous l'appellation large d'"arts du récit" ?
Henri Touati : Pour moi, c'est d'abord un travail de conteurs, bien que les arts du récit ne s'attachent pas directement à la question du conte, mais à une forme liée à la parole directe. Une forme qui s'appuie sur un répertoire allant de l'émergence des paroles de gens à un patrimoine traditionnel, avec une création qui se nourrit de tout ça à la fois. Et cette parole directe est une littérature aussi, ce que l'on appelle littérature orale. Donc c'est un ensemble de choses qui ont à voir avec tout ce qu'un conteur porte.Avec votre festival, vous souhaitez mettre en avant des formes de récit plus contemporaines…
Depuis maintenant presque vingt-cinq ans que nous travaillons là-dessus, on est convaincus que le rapport au conte et aux conteurs doit s'inscrire dans une parole d'aujourd'hui, avec des gens d'aujourd'hui qui racontent et des gens d'aujourd'hui qui écoutent. On n'est pas là pour reconstituer la veillée d'antan, mais plutôt pour trouver des nouvelles formes de relation et de communication qui passent par la narration…Comment est élaborée la programmation chaque année ?
On va au contact. On rencontre les artistes, on va voir ce qu'ils font, on réfléchit avec eux, on fait des propositions nous-mêmes : on est dans un aller-retour permanent.On en est à la vingt-troisième édition du festival. Quel regard portez-vous sur son évolution ?
J'aime toujours la multiplicité des propositions que l'on offre, liée à une multiplicité des public. C'est un élément que l'on a toujours maintenu, à savoir accueillir des publics nouveaux chaque année. Avec l'idée d'aller dans n'importe quel coin du département, au plus près des gens, et non pas simplement attendre les habitués à l'entrée d'une salle…C'est ainsi cette envie de rassembler un public large, avec justement une forme artistique – le conte – qui s'y prête tout particulièrement…
Tout à fait. Notre public est très familial, et très diversifié dans ses origines sociales, ethniques, géographiques, entre ruraux et urbains… Parce que l'on va au plus près des gens comme je le disais. Quand on est à Saint-Laurent-du-Pont par exemple, on n'a pas forcément affaire à des gens qui ont l'habitude de descendre à Grenoble pour venir voir des spectacles. Le festival est ainsi un évènement très important pour eux…Un évènement complété à l'année par les multiples activités du Centre des arts du récit que vous dirigez…
On a une activité permanente d'animation d'ateliers en milieu scolaire, mais aussi dans les hôpitaux, en prison… Et aussi une programmation régulière dans beaucoup de lieux : des villages, des foyers ruraux, des MJC… C'est vraiment une dynamique permanente qui permet d'aboutir une fois par an au festival.Plus généralement, trouvez-vous que les arts du récit arrivent à trouver leur place dans un monde culturel très large qui connaît de nombreuses difficultés ?
Aujourd'hui, on arrive à un soutien d'une certaine force pour notre centre, même si depuis deux ans, on sent que l'ensemble du secteur culturel est en difficulté. On a des conventions avec l'État, la région, le département… On n'est donc pas trop inquiets sur notre propre statut. On l'est plus par contre sur le financement global de la culture. De ce point de vue, les collectivités locales sont en recul à cause des nouvelles lois, l'État est aussi en recul avec la Révision générale des politiques publiques mise en place, qui ressert les financements. Tout ça ne nous laisse pas croire à un avenir facile pour l'ensemble du monde culturel…LES ARTS DU RÉCIT
Du vendredi 14 au mercredi 26 mai, dans divers lieux de l'agglomération et du département.


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