8th wonderland

De Nicolas Alberny et Jean Mach (Fr, 1h34) avec Matthew Geczy, Robert William Bradford…


Un mystérieux site communautaire lancé sur Internet fédère un nombre conséquent de personnes à travers le monde. Liées par un désir d'action concrète, ces bonnes volontés se lancent dans une série de happenings internationaux de plus en plus audacieux… Disons-le tout de suite, il faut faire preuve d'une colossale indulgence envers ce premier long-métrage pour pouvoir en apprécier les qualités – la suspension d'incrédulité, tu la prends, tu la roules, tu te la mets sur l'oreille et tu la fumeras plus tard. Avec un budget probablement équivalent à celui des cotons-tiges sur Avatar, Nicolas Alberny et Jean Mach tentent en effet de composer une intrigue chorale complexe, touchant de près ou de loin à tous les sujets sociopolitiques primordiaux de notre époque, sous forme d'un zapping incessant en plusieurs langues – soit une orgie de fonds verts, de dialogues pas toujours très heureux dans leur caractère hautement démonstratif, et de références pop aussi énormes que téléphonées. Passés ces défauts envahissants, 8th wonderland parvient cependant à séduire dans le fond : tout maladroits soient-ils dans leur démarche, les deux réalisateurs ont le souci prégnant de pousser leur délire dans ses derniers retranchements, de ne pas se planquer derrière l'indigence de leur budget pour atténuer le propos, et de privilégier une approche gonzo à défaut de la rigueur formelle à laquelle ils ne pouvaient prétendre. Si le film définitif de l'esprit do it yourself propagé par Internet tarde encore à se montrer, cette tentative s'en approche avec les honneurs, et démontre qu'une bonne dose d'imagination, fut-elle mal canalisée, sauve toujours les meubles. A bon entendeur…
François Cau


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