Slam de fond


Zoom / Vous ne cantonniez le slam qu'à ses principaux représentants français, Abd Al Malik et Grand Corps Malade, décrétant par là même, avec un sens de la diplomatie tout ce qu'il y a de plus approximatif, que ce n'était pas trop votre truc ? On ne vous jette pas la pierre, on a fait pareil. Et puis, au moment où l'on s'y attendait le moins, à la conférence de presse des 38e Rugissants si vous voulez tout savoir, a débarqué le dénommé Bastien Maupomé, slammeur de son état, pour balancer un petit aperçu de son style. A capella, sans filet, le bonhomme nous fait discrètement remettre notre crucifix inversé dans notre poche, nous convainc en deux minutes chrono avec un extrait de son morceau Le Réseau (audible sur son myspace), et nous renvoie nonchalamment, en pleine face, nos a priori. D'un flow faussement atone, il se joue de la langue avec élégance, fait claquer les rimes sans passage en force. Appuyé précieusement des deux tritureurs de sons regroupés sous l'appellation Sum -, il prend son envol en trio, multiplie les collaborations fructueuses, sort son premier album, Songes déments, l'an dernier en autoproduction. Sa gouaille malicieuse s'y étale avec brio, l'ironie n'hésite pas à se faire mordante aux entournures. Quand on pense avoir cerné son modus operandi, ses préférences textuelles en matière de saillies verbales, bang, une punchline qui tue ou une envolée poétique nous remet à notre place. Et force est d'avouer que c'était exactement ce qu'on demandait, se faire surprendre et ravaler ainsi notre morgue quant à un genre musical qu'on pensait à tort artistiquement mort-né. Donc les sceptiques, s'il vous plaît, faites comme nous : repentance camarades, repentance.
FCMots paumés trioVendredi 21 mai à 20h30, à l'Hôtel des Terrasses (St-Egrève)


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