Tulle et plumes


Pour parer ses lieux chargés d'histoire d'une dimension artistique nouvelle, le Musée dauphinois a jugé bon de faire appel à l'artiste Marie Goussé, grande habituée de ce genre d'habillage. Le cloître, la chapelle Sainte Marie d'en haut et les terrasses accueillent ainsi, non sans étonnement, des structures claires et légères à même de modifier notre habituelle perception des lieux. La notion de matrice, de la maternité à la régénérescence, hante les différentes installations présentées : la rotondité lunaire du kiosque redessine le bout de jardin qu'il occupe, circulaire également, et se déploie dans une verticalité mouvante – grâce aux piliers retenant les voiles de gaze blanc qui réagissent au gré du vent. La statue privée de sa tête, de ses bras et de tout attribut permettant de l'identifier, disposée en toute discrétion entre des arbustes, retrouve son potentiel de fascination, tel un vestige, une ruine que l'on découvre derrière un rideau transparent. Dans la chapelle, une chaise pendue à l'envers dans un coin, hérissée de plumes blanches, interroge le visiteur interloqué par l'incongruité de l'objet. Pour justifier son travail, l'artiste évoque son intérêt pour la position assise, interprétée comme intermédiaire entre la position debout de « l'être social, professionnel » et la position couchée convoquant notre part plus « animale ». L'être réfléchissant, ainsi retourné, tremble et se voit forcé à une méditation perdant ses bases rationnelles. Cette dernière s'associe à des qualités dites féminines, comme la forme de la plume, celle qui « transperce le fluide » et se mue en redoutable outil esthétique.
LGMatrice
Jusqu'au 20 septembre, au Musée dauphinois


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