Délicatesses


Pour qui aime la finesse du dessin et l'élégance du noir et blanc, nous conseillons deux expositions à la qualité certaine. Les dessins du peintre français Yves Brayer (des inédits exposés à La Pléiade) ont la fraîcheur et la spontanéité du pinceau virevoltant à toute allure, accumulant les traits avec toute l'agilité que requiert le figuratif. Le peintre retranscrit des atmosphères par la simple entremise de l'encre de chine ou du lavis, bien à son aise dans le silence des ruelles de villages du sud de l'Espagne, dans le vent balayant les sauvages paysages camarguais ou encore l'humidité feutrée d'une Venise royale de sobriété. On ne lui tient donc pas rigueur de ses tentatives de cerner les monuments romains, ces derniers se noyant dans un souci du détail inadapté à leur imposante structure. Les gravures de Livio Ceschin ne bénéficient quant à elles pas de la mise en valeur qu'elles méritent ; le couloir de l'Institut culturel italien ne pouvant constituer un espace propice à l'exposition : des cadres attendent là d'être vus par accident, ce qui n'est pas faire honneur à leur saisissante beauté. On salue ainsi le choix de ces œuvres au réalisme sublimé par un onirisme travaillé dans les nuances de gris, le filtre tendu de la lumière, l'apparence photographique trompeuse, le flot de traits – inextinguible, si l'on peut dire. Un travail d'orfèvre dont les noirs intenses et les sujets, des lieux vidés, suggèrent la ruine autant que l'impulsion de vie : barque abandonnée parmi les roseaux, vieil arbre reprenant ses droits sur une magnifique façade, abandonnée elle aussi.
Laetitia GiryNoir et blanc
Jusqu'au 15 juin, à la galerie la PléiadeAcqueforti
Jusqu'au 30 mai, à l'Institut culturel italien


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Tulle et plumes