Quand mourra l'image


Sous le même toit que le skatepark de la Bifurk se cache un laboratoire un peu spécial : le LAA (Laboratoire Art Aujourd'hui). Les expositions s'y succèdent, visibles aux heures de permanence. En ce mois de juin, c'est l'artiste Nosca qui s'y colle, passionné d'images (regardez donc sur son myspace sa vidéo intitulée « Collage Vidéo », esthétique et évocatrice), il nous propose une exposition en deux étapes. La première, passée, appelait l'action du public, venu choisir ses idoles – parmi les (vraiment) très nombreuses images collectées par l'artiste – à détruire, face caméra, avec l'outil de son choix. A ces fins étaient proposés : ciseaux, cutter, perceuse… Le tout paraît fort ludique mais cache un propos plus grave. L'image adorée est rendue vaine, superflue au point qu'elle peut disparaître sans remords de la part du meurtrier. Pour être plus exact, déchirer une image représentant un objet que l'on aime peut être douloureux, mais seulement un moment – on oublie vite, aidé par la vacuité du bout de papier qu'elle est – et surtout si elle compte parmi celles dont les reproductions pullulent. Seul un infime pourcentage de ce qu'elle figure disparaît dans notre légère rage, la certitude que l'image de cette idée est remplaçable prévalant largement. Il nous a été pour notre part plus difficile de découper comme une orange l'ami Gaston Lagaffe, que de réduire à néant une publicité pour un parfum. C'est donc le cœur en berne mais le sourire aux lèvres que vous pourrez faire un tour dans la seconde partie de l'expo (en place dès le 10 juin), respirant le deuil et l'humour noir : « liste commémorative des idoles disparues » au mur, « fosse commune » des restes au sol, projection de la vidéo des « meurtres » et « enveloppes urnes à emporter » annoncent la couleur : ceci est un joyeux rassemblement pour dire adieu aux idoles ayant tiré leur révérence, métonymie d'une société ayant sacré l'abondance superficielle pour mieux l'assassiner.
Laetitia GiryKill your idols
Jusqu'au 10 juillet au LAA, Laboratoire Art Aujourd'hui, à la Bifurk
Vernissage le jeudi 10 juin à 18h


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Déconstructions chorégraphiques