De la BD, simplement


Elle se prénomme Vanyda et elle est dessinatrice de bandes dessinées. Depuis 2001, année de sa sortie des beaux-arts de Tournai (Belgique), voire depuis ses premières bulles en 2004, avec l'Année du Dragon, la franco-laotienne - également auteure de la série Celle que... - justifie album après album son statut de grand espoir de la Bande dessinée francophone. L'immeuble d'en face, primé en 2005 au festival d'Angoulême et récompensé en 2006 du titre de “Manga of the year“ par le Publishers Weekly (USA), avait montré le cap : celui d'une dessinatrice qui se prend de tendresse pour la vie quotidienne, comme avant elle Dupuy-Berberian ou Saint Manu Larcenet. À cette différence près que Vanyda forme, avec quelques-uns, le poste avancé du manga made in France. Ce qui est digne d'être relevé en l'occurrence, n'est bien sûr pas tant le côté Origines contrôlées de la chose, que la fusion entre les deux écoles, nippone et franco-belge. Elles enfantent du coup une BD de langue et de culture française, sous les traits dynamiques et stylés d'une nouvelle génération qui émerge sous le nom de Manfra, et compose avec ses homologues japonais le genre dit de La Nouvelle Manga. Dans L'immeuble d'en face de la mangaka établie à Lille, on croise, au milieu des amis de passage, les jeunes amoureux Claire et Louis au troisième, Fabienne et Jacky qui forment un couple un peu usé, et au premier étage, Béatrice, jeune mère célibataire. Les dialogues sont simples, les scènes de vie, d'un naturel rare, sont servies par une mise en scène cinégénique. Il s'y ajoute un trait agile qui confère une délicatesse presque érotisante à ce petit monde où l'on ne s'ennuie finalement jamais.
Quentin PourbaixVanyda
Vendredi 11 juin dès 15h, dédicace à Momie Folie
L'immeuble d'en face, tome 3 (sorti mai 2010) Ed La boîte à bulles


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