We Low America


Il y a, dans la programmation de Woodstower, une petite pépite américaine sur laquelle on serait bien inspiré de se ruer. Un groupe assez discret venu de Rhode Island, l'un des micro-États dont on ne parle jamais sur la côte nord-est des États-Unis, et qui pourtant gagne à être connu (le groupe, pas l'État). Toute la sève de The Low Anthem réside dans le titre de leur dernier album, Oh My God, Charlie Darwin. Il y a dans ce titre à tiroir toute la réalité d'une musique créationniste mais dans le sens où elle résulte d'un travail de composition remarquable et sans doute aussi de quelque grâce mystique tombée du plafond. Dans la lignée d'un Sufjan Stevens (décidément mètre-étalon de tout ce que le folk transcendentaliste américain a à nous offrir) ou Great Lake Swimmers, The Low Anthem redessine au ralenti et en altitude, les grands chemins de l'Americana, symbolisé à l'extrême par une reprise de Tom Waits adaptée de Jack Kerouac ou le récit du Mayflower, symbole des pères pélerins. Mais s'il est fait référence à la théorie de l'évolution en même temps qu'à Dieu c'est aussi pour signifier à quel point tout cela (l'évolution de la musique américaine à travers les âges et le rôle que joua Dieu dans l'édification du pays) est intriqué. Home I'll never be, dit la reprise de Waits-Kerouac. Sûrement parce que la perpétuelle conquête de l'Amérique est une tentative de rentrer chez soi qui a en quelque sorte échoué. Et que la musique qui en a résulté est une tentative réussie de réparer cet échec.
SD


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