Empreinte lumineuse


Skater professionnel, poète à ses heures et photographe par accident, Scott Bourne « makes postcards ». Américain en vadrouille entre Paris et un nomadisme forcené, il expose en ce moment à la galerie Spacejunk pour notre plus grand plaisir étonné. Des poèmes tapés à la machine à écrire – qui, loin d'être ridicules, impressionnent plutôt par leur modestie, leur pureté négligée –, côtoient donc des photos d'assez grand format, toutes en noir et blanc, toutes élégantes et sombres. Notre préférence va naturellement à une prise de vue nocturne, d'un noir intense troublé uniquement par quelques sphères lumineuses : la lune dans son matelas de nuages au centre, des phares et lampadaires vers le bas qui font briller le goudron, laissant deviner la ville à grand peine dans sa bien curieuse beauté magnétique. Scott Bourne est ce que nous aurions envie d'appeler un promeneur photographe, sensible à des images surgissant sur son chemin, un promeneur dont le sens certain du cadre crée l'harmonie dans le déséquilibre des masses photographiées. Ce dernier trait est patent dans la photo de ce que l'on suppose être un atelier de réparation de violons, où il se joue de la lumière avec une agilité fort plaisante : les reflets de l'extérieur confèrent une inquiétante étrangeté aux violons pendus là, qui se mêlent aux feuillages et trompent le regard pour un instant. Une réalisation simplissime pour un résultat draguant l'illusion d'optique : c'est malin, on aime.
Laetitia GiryI make postcards
Jusqu'au 31 juillet, à la galerie Spacejunk


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